Le liseur

Dans l’Allemagne des années cinquante, un lycéen de 15 ans devient l’amant d’une femme de 20 ans son aînée. Personnalité rude, secrète, elle aime qu’il lui fasse la lecture avant l’amour et ce rituel devient immuable entre eux. Au bout de six mois elle disparaît sans un adieu.
Sept ans plus tard, étudiant en droit, le jeune homme retrouve son Hanna sur le banc des accusés lors d’un procès de crime contre l’humanité. Partagée entre fascination et dégoût, il suivra jour après jour tous les détails des audiences, regardant sans intervenir Hanna se défendre bien mal contre les accusations portées contre elle, non seulement par ses accusateurs mais aussi par ses coaccusées. Pourtant il pense avoir découvert le secret qui domine et explique sans l’excuser toute la destinée de cette femme. Une femme qui fera, à jamais, partie de sa propre vie.

Tout le monde a entendu parler du liseur, entre le succès du livre et l’adaptation récente avec Kate Winslet et Ralph Fiennes, que je suis bien marrie d’avoir ratée soit dit en passant, je suis probablement une des dernières personnes au monde à le lire. Oui j’exagère un peu mais c’est dans ma nature. Quoiqu’il en soit je ne regrette pas d’avoir exhumé cet ouvrage de mon innommable pal où il mijotait depuis des mois, peut être des années.
Le roman est divisé en trois parties, l’aventure, le procès, la vieillesse. Cette construction évite toute ambiguïté et, alliée à l’écriture sobre et précise de l’auteur, rend ce roman diablement efficace. On entre dans cette histoire sans s’en rendre vraiment compte et en un rien de temps on est bousculé et confronté aux interrogations dérangeantes des personnages. Des personnages étonnamment vivants d’ailleurs car il n’y a guère d’empathie dans ce livre, pas de pathos et guère de sentiment. On ne s’attache pas à Michael et Hanna, pas plus qu’on ne les déteste, ils existent, réagissent, choisissent, vivent enfin sous nos yeux. Car c’est bien de cela qu’il est question, de choix, de honte, de libre-arbitre et plus que tout de culpabilité. Pas tant de culpabilité directe d’ailleurs, même Hanna ne songe pas à se disculper de ce qu’elle a fait, plutôt de culpabilité collatérale si j’ose dire, celle des témoins, celle des survivants, celle des héritiers enfin, toute une génération d’allemands dans la position peu enviable de juger leurs parents. Sans concession, sans réponse facile, un beau roman !


Le liseur (der Vorleser) – Bernhard Schlink – 1995 – Folio

Les avis de Ys, Lilly, Karine, Levraoueg, Keisha …

-1 = 306 (et celui-là attendait depuis au moins un an ou deux  !!!)

Ce contenu a été publié dans roman allemand. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

32 réponses à Le liseur

  1. Anjelica dit :

    Un roman que j’ai lu il y a quelques années et j’avais adoré

  2. Stéphanie dit :

    Hola, 306 promesses de lecture, c’est chouette non?

  3. deparlà dit :

    oui, un très bon livre, une surprise pour moi, et en plus il en a écrit d’autres …

  4. BlueGrey dit :

    Pas encore lu le livre (tu vois, tu n’es pas la dernière au monde à le lire !), mais bientôt : il est réservé à la bibliothèque…
    Par contre, vu et aimé le film : Kate Winslet y est magistrale !

  5. Leiloona dit :

    Oui, un livre à lire !
    (Sinon je suis ébahie de voir ton nombre de livres à lire.)

  6. Pimpi dit :

    Eh non, tu n’es pas la dernière, je ne l’ai pas encore lu non plus !!! Il est dans ma PAL aussi!!!

  7. choupynette dit :

    toujours pas lu… tu n’es donc ps la dernière!!! hihihihihi

  8. erzébeth dit :

    Beau billet, vraiment!  Tu me ferais presque regretter d’avoir été très mitigée 😉
    Tu es très juste quand tu écris qu’il n’y a pas d’empathie dans ce livre, et je crois qu’au fond, c’est ce qui m’a gênée.
    Le film est à voir ne serait-ce que pour ma Kate Winslet adorée 😉

    • yueyin dit :

      Oh mais j’ai très envie de le voir… ce recul qui t’a gêné m’a au contraire permis d’apprécier cette histoire sinon je crois que l’émotion aurait brouillé la perception… enfin c’est l’idée que je me suis faite en réfléchissant au pourquoi du comment (comment on peut s’interesser au sort d’une femme qui fut un monstre ?)

  9. Ori dit :

    J’ai été un peu déçue d emon côté, ça n’a pas réussi à m’émouvoir malheureusement.

    • yueyin dit :

      Je ne crois pas en effet que l’auteur cherche l’émotion, c’est un peu froid et distancié, pourtant j’ai trouvé que ces destinées suscitaient assez de compassion 🙂

  10. Choco dit :

    alala une de mes grosses lacunes…

  11. Nanne dit :

    Je tiens à te rassurer à l’issue de ton billet, Yueyin, tu n’es pas la dernière puisque je ne l’ai pas encore lu ! Et cela doit faire à peu près trois ans que je me dis que je vais le lire … Mais j’attends ! Je n’ai même pas été voir le film avec Ralph Fiennes pourtant. Je suis comme ça, tordue et un brin sado. Mais je vais le lire très vite, parce que le sujet est captivant et que l’écriture de Bernhard Schlink est vraiment très belle … Il a aussi écrit des policiers un peu sur le même thème.

  12. Sloopy dit :

    un très beau roman et surtout un bel article

  13. virginie dit :

    Je n’ai toujours pas lu le livre, ni vu le film. Et comme je veux lire le livre avant de voir le film, ça risque de durer encore un moment. Mais je le lirai (et le verrai), foi de LCA !

  14. keisha dit :

    Un beau livre, qui m’a réconciliée avec les littérature allemande contemporaine (oui j’ai des a priori…)

  15. Ys dit :

    Si ta PAL est pleine de bons livres comme ça, je ne vois pas pourquoi tu n’en viens pas à bout rapidement !!

  16. Stephie dit :

    Je l’ai lu il y a quelques mois et avais eu du mal avec la différence d’âge des protagonistes.
    Ne trouvant pas trace de ton mail, j’en profite pour te dire que j’ai reçu ton paquet aujourd’hui et que je suis ravie !!! J’y consacrerai un billet demain en fin de journée. Grosses bises et merci !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *