L’empoisonneuse d’Istanbul

empoisonneusePour échapper à une ambiance familiale tendue après le mariage civile de leur fille, le commissaire Charitos et sa femme s’offrent un voyage organisé à Istanbul ou plutôt Constantinople ainsi que continue à l’appeler tant les grecs de Grèce que les orthodoxes hellenophones du cru qu’on appelle les roums. Entre visites grandioses, shopping obligatoire, prises de bec conjugales et conversations ennuyeuses partagées bon gré mal gré avec ses compagnons de voyages, le commissaire tente de trouver un peu de sérénité lorsque il est entrainé bien malgré lui, dans une enquête un peu farfelue sur une nonagénaire disparue. La découverte de quelques cadavres peu ragoutants va très vite l’obliger à revoir ses a priori sur les vieilles femmes inoffensives et même à collaborer avec la police turque, un comble pour un policier grec…

Quoique ce roman soit de toute évidence du genre policier, avec intrigue bien ficelée, enquête, meurtres et résolution finale, son intérêt va bien au delà. Petros Markaris a le trait sûr pour croquer des personnages sympathiques, originaux ou truculents, confrontant avec humour leurs modes de vie, habitudes et certitudes alimentaires. Mieux, il sait donner de la profondeur à son histoire, plongeant allègrement dans l’histoire compliquée des relations greco-turque et de la communauté roum sans jamais tomber dans le didactique ni le partial mais non sans lever un coin du voile sur une réalité sociale plus noire que rose. Enfin il a un talent certain pour insuffler de la vie à son cadre, ici rien de moins que la fascinante, grouillante et cosmopolite Istanbul (à moins que ce ne soit Constantinople je ne veux vexer personne). Franchement, qu’est-ce qu’une petite fille de roum pourrait demander de plus, si ce n’est une plume allègre et savoureuse ce qui est justement le cas. Délicieux !

L’empoisonneuse d’Istanbul – Petros Markaris – 2008 – traduit (fort agréablement) du grec par Caroline Nicolas 2010 le seuil

PS : Très grand merci au Papou qui m’a prêté (je ne dirais pas de force) ce livre, son avis (enthousiaste) ici !

PPS : Sauf erreur, ceci est la quatrième enquête du commissaire Kostas Charitos traduite en français, je vais donc me mettre en quête des trois autres, car je vous l’avoue, j’ai hâte de visiter Athènes à ses côtés.

PPPS : Et sinon, toute ces histoires de Tyropitas ça m’a donné faim… je m’en vais chercher une recette sans poison!

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4 réponses à L’empoisonneuse d’Istanbul

  1. Le Papou dit :

    J’en ai au moins 2 à la maison. Celui que tu a lu, à mon humble avis, est le meilleur.

     

    Le Papou

  2. Anne dit :

    Une visiteuse très occasionnelle : j’aime bien ce Markaris, mais j’ai encore plus aimé Publicité meurtrière, où on se balade vraiment avec lui dans Athènes et dans sa caisse pourrie. C’est délirant !

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