L’orage

Chaque arbre est immobile, attentif à tout bruit.

Même le peuplier tremblant retient son souffle

L’air pèse sur le dos des collines, il luit

Comme un métal incandescent et l’heure essouffle.

 

Les moineaux buissonniers se sont tous dispersés

Avec le vol aigu et les cris d’hirondelles,

Et des mouettes vont, traînant leurs larges ailes,

Dans l’air lourd à gravir et lourd à traverser.

 

L’éclair qui brille au loin semble une brusque entaille

Et, tandis que hennit un cheval de labour,

Les nuages vaillants qui vont à la bataille

Escaladent l’azur âpre comme une tour.

 

Mais soudain, l’arc-en-ciel luit comme une victoire

Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux,

Et les nuages noirs qu’un soleil jeune moire,

Enivrés, sont partis pour des combats nouveaux.

 

Jules Supervielle (1884-1960)

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8 réponses à L’orage

  1. Choupynette dit :

    ah ben du coup, j’ai presque envie qu’il fasse un orage dis donc!

  2. Lystig dit :

    décidemment, les oiseaux inspirent les dimanches poétiques !

  3. Choupynette dit :

    j’aime beaucoup, c’est très évocateur je trouve.

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