Descente de géants

Montagnes derrière, montagnes devant
Batailles rangées d’ombres, de lumières,
L’univers est là qui enfle le dos,
Et nous, si chétifs entre nos paupières,
Et nos coeurs toujours en sang sous la peau.

 

Faut-il que pour nous brûlent tant d’étoiles
Et que tant de pluie arrive du ciel,
Et que tant de jours sèchent au soleil
Quand un peu de vent éteint notre voix,
Nous couchant le long de nos os dociles ?

 

Viendront les géants tombés d’autres mondes,
ils enjamberont les monts, les marées,
Et vérifieront si la terre est ronde,
Par dérision, de leurs grosses mains,
Ou bien, reculant, de leurs yeux sans bords.

 

Jules Supervielle (1884-1960)

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4 réponses à Descente de géants

  1. Turquoise dit :

    Stupéfiant ! C’est toujours un bonheur de découvrir Supervielle à travers tes choix du dimanche ! Bonne semaine, Yueyin !

  2. BlueGrey dit :

    Celui-ci, je ne le connaissais pas… Vraiment très beau… (Normal, il est de Jules !)

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