Manuel à l’usage des incapables

Jean-Jean, petit employé du service de sécurtié d’un supermarché tentaculaire, se retrouve bien malgré lui – mais non sans raison – la cible d’une vendetta des plus sanglantes. En décidant de liquider toute sa famille toutefois, le quatuor d’hommes loups lancés sur ses traces avaient compté sans les deux femmes de sa vie – la légitime à l’adn joyeusement saupoudré de mamba vert et la convoitée plutôt loutre question génétique. Femmes peu commodes l’une comme l’autre…

Alors disons le tout de suite, ce bouquin est quand même bien barré. En soi ce ne serait pas un mal d’autant que le style est réjouissant et que la dénonciation au vitriol du libéralisme galopant à la sauce mercatique est tout ce qu’il y a de plus réussie, dans une tonalité gris glauque bien angoissante. L’intrigue – un rien longue peut-être à mettre en place – est plutôt bien menée dans le genre  thriller sanglant et les personnages, quoique déprimés et déprimants, bien campés – mention spéciale pour les loups, effrayants comme dans un conte. Pourtant la sauce n’a pas pris et je me suis longuement demandé pourquoi. En fait, j’ai bien failli abandonner en cours de lecture alors que je trouve à ce roman des qualités objectives.

A la réflexion, je crois que c’est le langage qui m’a été indigeste. Il parait que l’auteur s’est longuement documenté pour rendre au mieux le langage des professionnels de la vente, et bien disons qu’en ce qui me concerne il a trop bien réussi. Je suis allergique à ce charabia – que j’entends déjà bien trop partout – alors à longueur de page et même pour en dénoncer le ronflant et le creux, c’est vraiment trop pour moi. Quant au côté désopilant vanté partout, j’y suis apparement insensible – j’y ai vu du cynisme et de la noirceur oui – un peu de facilité parfois, mais vraiment rien de drolatique… Ce monde – malgré quelques injections symboliques de gènes lupins ou reptiliens – ressemble bien trop au nôtre pour me faire rire. Allez, j’ajoute quand même un bonus pour pour le final, le coup d’ikéa (non je ne vous en dirais pas plus) après un final haut en couleur (non vous ne saurez rien) a réussi à me faire sourire (jaune). Sinistre !

Manuel de survie à l’usage des incapables – Thomas Gunzig – Au diable vauvert – 2013

Lecture commune avec Julie des Magnolias dans le cadre de son année de l’anticipation

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20 réponses à Manuel à l’usage des incapables

  1. Le Papou dit :

    Bon ! Ton billet ne me tente pas.

    Le Papou

  2. Karine:) dit :

    J’ai comme l’impression que ça me taperait sur le système autant que toi, ce langage.  du coup, je passe!

  3. Cuné dit :

    Puisque je ne lirai pas ce livre, tu peux me le dire, à moi, le coup d’Ikea, please ? 🙂

  4.  

    Oui, Madame Yueyin, après le tirage au sort effectué ce matin sous le contrôle de Maître Lescrocs, vous êtes bien l’une des cinq finalistes retenues pour le Grand Prix Foiralib ! Vous avez peut-être gagné l’un de ces merveilleux lots :

    une médaille en chocolat, le best-seller Je réussis, enfin ! mes cupcakes, le guide du Professeur Leclou Plus je me goinfre, plus je maigris, le maxi-pèse-personne spécial burger, et peut-être, si vous êtes l’heureuse gagnante du gros lot, une chronique enthousiaste de Lou de Libellus sur Thomas Gunzig (prévoir un délai de 4 à 8 semaines) !

     

    O Oui, je vous renvoie ma commande, minimum de illisible euros et je participe au tirage du Grand Prix Foiralib.

    O Non, merci, je ne participe pas, pour cette fois, mais je veux recevoir mon lot de consolation, Une ténébreuse affaire de Honoré de Balzac, un magnifique ouvrage qui honorera ma bibliothèque, broché plein papier 125 g, plat de devant délicatement illustré sous pellicule glacée ; je joins 9,90 euros pour participation aux frais.

     

    • yueyin dit :

      Je vois maitre Lou que vous êtes vous-même expert dans l’art délicat de l’a mercatique appliqué au plus grand nombre 🙂 tu crois que je devrais écrire un billet sur Balzac ? ça m’impressionne toujours…

  5. keisha dit :

    Barré, ça oui… J’ai bien aimé ma découverte de l’auteur.

  6.  

    Yueyin est membre du club des happy few, on est loin du plus grand nombre.

    Sérieux, je vais le commander demain.

    Pour Balzac, ce qui serait intéressant, c’est d’écrire une chronique dans le style (inimitable pour moi) de Balzac. Certes, il y a des pages très propres (le long panoramique dans la salle commune de la pension Vauquer, morceau d’anthologie) mais…

     

    Chère Madame Yueyin, Première relance

    Nous n’avons pas reçu à ce jour votre commande ni votre participation de 9,90 euros. Devons-nous remettre en jeu le magnifique cadeau, gratuit, nous vous le rappelons, un cadeau gratuit ! que nous vous réservons en tant que fidèle cliente [NDL : on n’est pas à une anacoluthe près]. Nous avons déjà reçu une réponse enthousiaste de Mesdames Cryssilda C., Julie D., Karine M., Tina B.

     

    • yueyin dit :

      Tu es bien aimable Lou, je ne me sens pas pour écrire dans l’in imitable style de Balzac, à part ça j’ai bien aimé – quand j’étais petite on parlait des description de Balzac, mais ce qui m’a impressioner là ce sont els disgression, j’avais l’impression que le plan de la première partie s’épanouissait en forme de fleur…

      remettez en jeu, remettez en jeu, je m’en voudrais de priver quelqu’un d’autre des merveilleux cadeaux dont vous me parlez 🙂

  7. Allez quoi, dis-nous ce qu’il se passe avec Ikea !

  8. Stephie dit :

    Il ne me branchait pas… ça ne me fait pas changer d’avis 😉

  9. sylire dit :

    Bon, je crois que ce n’est pas pour moi !

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