Le magasin des suicides

Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce roman…

D’une certaine façon c’est une friandise. Un joyeux florilège d’humour macabre pour amateur des séries américaines drolhorrifiques des années soixantes. Celles qui mettaient en scène sur des chaînes concurrentes les familles Adams et Monstre. Le magasin des suicides est bourré de trouvailles et d’inventions réjouissantes pour aider le quidam du coin quelquesoit son âge et sa condition à se suicider en toute tranquillité. Du bocal de bonbons vendu à l’unité (mais où un bonbon sur deux seulement est mortel car la loi oblige à laisser une chance aux enfants) au kit de seppuku contenant entre autre un kimono marqué d’une croix rouge au bon endroit (le propriétaire se prénomme Mishima), il y en a pour toutes les bourses.

Au centre de cette charmante boutique, vit une famille tout ce qu’il y a de plus typique, mère maternante fière de ses rejetons, père à cheval sur ses principes  mais compréhensif, ados à l’avenant. Simplement la laideur, la dépression, la maladie sont valorisées et on s’inquiète du petit dernier gravement atteint d’une indéboulonnable joie de vivre. En grandissant, le petit trubblion va petit à petit contaminer son entourage et semer le chaos dans la routine bien ordonnée de sa respectable famille d’abord puis de la cité toute entière.

C’est là que je ne sais pas vraiment où l’auteur veut en venir. Doit-on voir dans son histoire une amusante satyre des capacités d’adaptation du petit commerce, toujours prêt à innover pour préserver son profit ?

Est-ce une sérieuse mise en garde contre la tentation du pessimisme représenté ici par les informations télévisées déversant sans trêve d’épouvantables catastrophes et scènes d’horreur en tout genre propres à garder le moral des spectateurs au plus bas ?

Est-ce enfin une parabole messianique autour d’un sauveur venu ramener la joie dans la "cité des religions oubliées" ? Le magasin est au reste un ancien lieu de culte non identifié en bordure de la dite cité.

A moins que ce roman ne soit un simple exercice de style assez réjouissant et qui glisse tout seul mais me laisse un tantinet sur ma faim.

La magasin des suicides – Jean Teulé – Juilliard – 2007

 

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18 réponses à Le magasin des suicides

  1. choupynette dit :

    Voilà donc le fameux livre… je m’en tiens à ce que tu m’as dit, et passe montour!

  2. Gaëlle dit :

    Je suis en train de finir le Magasin des suicides et je trouve ta critique très juste !
    Je trouve un vrai plaisir à le lire, c’est drôle, incontestablement bien écrit, mais c’est sûr qu’on reste un peu sur sa faim, surtout après avoir lu "Je, François Villon". Cela dit, je me demande si le but de ce roman n’était pas tout simplement de s’amuser avec cette famille Tuvache-Adamns, d’être léger tout en drainant au passage une réflexion douce sur la dépression, le goût de la vie…
    En tout cas ce n’est sans doute pas son meilleur roman, mais il se lit comme on sirote un petit muscat sous les arbres un soir de juillet :-))

    • yueyin dit :

      C’est tout à fait ça Gaelle, à siroter tranquillement mais il y avait de la matière pour autre chose… En tout cas j’attaque "Je, François Villon" maintenant…  avec impatience…

  3. anjelica dit :

    Du même auteur, j’ai lu, il y a quelques années ‘Darling’, c’était un livre très dur, cela m’a pas donné envi de relire cet auteur !

  4. Leeloo dit :

    Je viens de terminer Le magasin des suicides et j’avoue, je suis sous le charme de ce petit livre. J’adore son humour noir. Pour ce qui en est de tes questions, je suis d’accord avec toi, on se demande un peu où voulait en venir l’auteur et je me suis posée les mêmes au cours de ma lecture. Mais je trouve que celà n’entâche pas le roman…

    • yueyin dit :

      Bonjour Leeloo, je suis bien d’accord avec toi… c’est un livre plein de charme et de fantaisie et je en voudrais en aucun cas décourager les lecteurs potentiels, simplement la fin m’a laissé un peu …sur ma faim 🙂

  5. Bénédicte dit :

    je n’ai pas vraiment apprécié ce livre je me suis ennuyée surtout dans la deuxième partie et je pense que l’histoire aurait été mieux adaptée à une BD d’humour noir

  6. Thom dit :

    J’ignore qui monopolise ton exemplaire de "Je, François Villon" à la maison, mais dis à cette personne que si elle ne le lâche pas sous trois jours elle s’exposera à des représailles violentes de ma part :-=)

  7. Thom dit :

    Alors pour te répondre, d’après ce que je sais (c’est à dire pas grand chose), Jean Teulé a envisagé ce livre écrit à toute blinde comme une respiration après sa série sur la poète qui l’a occupé pendant presque une décennie, notamment "Villon" qui lui a pris des années…

    Voilà ce que je peux dire pour l’instant ; je vais de toute façon le lire prochainement.

    • yueyin dit :

      Et bien j’attends ta critique avec impatience thom car ce livre me laisse une drôle d’impression de je ne sais pas… (par contre j’ai son "Je, François Villon" en perspective dès que l’exemplaire se libère à la maison 🙂 )

  8. loupiloupioteote dit :

    Tu prend de l’avance pour le prochain aristochat, Yue?

  9. Lylou dit :

    J’avais bein aimé ce livre et son côté cynique 🙂

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