Des gens comme les autres

Illyria est un domaine enchanteur qui offre à une poignée d’artistes triés sur le volet une retraite idyllique. Pendant quelques semaines écrivains, compositeurs, peintres et sculpteurs sont les invités studieux de la luxueuse résidence et peuvent se consacrer entièrement à leur art, loin des contingences stérilisantes de la vie quotidienne. Évidemment le séjour comporte quelques règles, quelques contraintes mais n’est-ce pas normal. Ainsi pense Janet "Belle" Smith. La publication de son premier livre, un recueil de nouvelles, lui a valu la prestigieuse invitation et elle est bien décidé à en tirer tout le parti possible. Au fil des jours la fréquentation des autres pensionnaires va l’amener à voir les choses, les gens et elle-même différemment.

Comme toujours avec Allison Lurie, le lecteur est mené par le bout du nez, tout en douceur à travers les faux semblants, les images, les mensonges habituels de chacun. Lire ses livres me fait penser au déballage d’un paquet cadeau, on soulève une à une les couche de papier de soie, pour trouver…quoi ? Ici ce sont les "Artistes" (noter la majuscules) leurs contradictions, leurs mensonges, à moins que ce ne soit le regard des autres, celui de Janet, le nôtre, qui fausse tout… Et c’est bien de cela qu’il s’agit : comment le regard des autres peut-il fausser toutes nos perceptions, y compris sur nous-même, nos proches, nos envies.

Ce n’est sans doute pas le meilleur roman d’Allison Lurie. En 1969 elle élaborait encore son univers et n’avait pas la maîtrise qui fait la force de "Liaisons étrangères" ou de "La vérité sur Lorin Jones", mais c’est un de mes préférés. A cause de son sujet sans doute, le rapport entre l’artiste et l’inspiration puis la création. Cette "retraite" studieuse aussi qui fait tant fantasmer : si j’avais le temps, si je n’avais pas à m’occuper des enfants, si…, si… Je l’écrirai ce roman, je me mettrais à la peinture ! si…

Une lecture fraîche et délicieuse et une bonne invitation à méditer…

Des gens comme les autres – Allison Lurie – Rivages – 1969

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7 réponses à Des gens comme les autres

  1. choupynette dit :

    De Lurie j’avais lu il y a quelques années Conflits de famille, qui m’avait frappé par l’acuité avec laquelle l’auteur décrivait les déboires d’un couple.

    Liaisons étrangères est dans ma LAL, et je note celui-ci, ne serait-ce que parce qu’il t’a touchée!

  2. yueyin dit :

    Merci Choupy. Liaisons étrangères est excellent, je l’ai beaucoup aimé lui-aussi…mais je suis une fan d’Allison ! 😉

  3. choupynette dit :

    pour l’anecdote je ne connaissais pas du tout cet auteur, et c’est une amie complètement fan qui m’en a offert un coffret (dont à ma gande honte, 4 ans plus tard, je n’ai lu qu’un livre…). Mais le seul livre lu m’a vraiment beaucoup plu.

  4. Florinette dit :

    J’ai rajouté ce titre dans ma LAL qui comporte déjà Liaisons étrangères, mais comme tu dis que ce n’est pas son meilleur roman je commencerai par le premier. 😉

  5. yueyin dit :

    Après liaisons étrangères, tu auras peut être envie d’en lire plus, et encore plus c’est ce qui m’est arrivé à moi… 🙂

  6. In Cold Blog dit :

    Honte à moi, j’ai lu Conflits de famille, il y a quelques années et… il ne m’en reste aucun souvenir, ni de l’histoire, ni du plaisir (ou non) de la lecture… Mauvais signe ça :o)

  7. yueyin dit :

    Où signe qu’il faut en essayer un autre incoldblog… Liaisons étrangères ou La vérité sur Lorin Jones par exemple, parfaits pour découvrir l’auteur… après… c’est affaire de goût 😉

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