Des larme sous la pluie

2109 ÉtatsUnis de la terre. Les citoyens de Madrid vivent en relativement bonne intelligence qu’ils soient humains, technohumains ou extra-terrestres. Certes on continue de traiter les technohumains de réplicants et les visiteurs de l’espace de bestioles mais bon c’est humain. D’accord certains partis extrémistes s’élèvent contre ces côtoiements contre nature, quand bien même les réplicants ne vivraient que dix ans et les extra terrestre seraient en bien petit nombre, mais cela aussi est humain. Il faut bien se trouver une cause à défendre en politique. Seulement quand des meurtres de plus en plus sauvages et spectaculaires sont commis par des technohumains, Bruna Husky (4 ans 3 mois et 18 jours à vivre) réplicante et détective de son état, sent le monde s’effriter autour d’elle. D’autant qu’un de ses amis, documentaliste, voit apparaitre de plus en plus de modifications “anti-replicant” dans les archives officielles, “erreurs” dont nul ne semble se soucier… quelque chose se prépare, mais quoi ?

Rosa Montero reprend en quelque sorte le monde là où Philip K. Dick l’avait laissé dans les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques, Blade runner à l’écran. Le titre même est tiré du film, de ces quelques mots d’un réplicant à l’agonie, Tous ces moments se perdront dans l’oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir. Car la mémoire et la mort programmées sont au coeur de ce roman, mais pas seulement. Rosa Montero y ajoute une touche de Georges Orwell et accouche d’un roman très personnel, à la fois haletant et effrayant d’actualité malgré son futurisme formel. Car le monde de Bruna est aisément reconnaissable, c’est celui que nous construisons en ce moment même. Certaines choses ont mieux tourné que prévu, d’autres moins bien mais on s’y reconnait sans problème et les motivations humaines – ou technohumaines – sont toujours les mêmes… Rosa Montero entrelace ici de multiples thèmes – différence, mortalité, technologie, intolérance, mémoire, d’autres encore – dans un polar futuriste parfaitement maitrisé, animés par des personnages étrangement attachants. 

J’avais beaucoup aimé Instruction pour la fin du monde, roman contemporain (non chroniqué, shame on me) et Le roi transparent, un roman historique qui me promet une belle plongée dans le XIIe siècle occitan, m’attend sagement. Rosa Montero semble partie pour explorer tous les terrains romanesques avec une égale virtuosité. Captivant !

Des larmes sous la pluie – Rosa Montero – traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse – Metailié 2013

L’avis de Carozine, Keisha, Ys

PS : Je rappelle à l’être méprisable et néanmoins inconnu qui m’a volé mon exemplaire des Androïdes rêvent-ils de moutons électriques, me condamnant à le racheter sous le titre de Blade Runner, qu’il brulera en enfer.

PPS : Je vous conseille le film aussi bien sûr, Blade runner de Ridley Scott avec Harrison Ford, Rutger Hauer et des véhicules signés Moebius – version Director cut de préférence… Ridley rules !


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10 réponses à Des larme sous la pluie

  1. Grominou dit :

    En commençant ton billet, je me suis fait deux réflexions:

    1) Tiens ça ressemble drôlement à Blade Runner, non?

    2) Dis donc, Rosa Montero c’est pas celle qui a écrit le roman historique que j’ai noté sur quelques blogues ces jours-ci? Vachement polyvalente, la dame!

    Et justement, tu soulèves ces deux points dans ton billet!

  2. Miss Léo dit :

    Que j’aime cet auteur ! J’ai chroniqué Des larmes sous la pluie la semaine dernière, après avoir lu (et adoré) Le Roi Transparent à l’automne dernier. Je suis impressionnée apr sa capacité à se renouveler à chaque ouvrage.

  3. anjelica dit :

    je pense que je n’ai pas besoin de te jurer que ce n’est pas moi qui aie ton exemplaire dont tu parles 

    A contrario, j’avais beaucoup aimé le film ‘Blade Runner”, je sais je suis pleines de contradictions. bisous

  4. Le Papou dit :

    Blade Runner est un film culte du Papou donc je veux lire celui-là. Je le veux !

    En ce moment je suis dans ”Le dernier homme” de Margaret Atwood qui elle aussi parle de l’avenir qu’on est en train de forger à nos petits enfant. Une lecture pas facile.

     

    Le Papou

  5. Il brûlera en enfer ? Rien que ça ?!

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