Montréel

Montréel a toujours été un endroit parfait pour implanter une ville, sans doute à cause de la zone neutre qui couvre le mont qui lui a donné son nom et où aucune magie n’a de prise. Pourtant, malgré cela, malgré les ancres géante qui canalisent et harmonisent les fluctuations magiques, la densité de la population entraine des risques. Heureusement les autorités sont là pour protéger la population… en limitant strictement tout ce qui a trait à la magie, en réglementant drastiquement la construction – d’où une décrépitude générale de plus en plus marquée ou en imposant la présence de suppresseurs dans tous les bâtiments. Pas de chance pour Clovis, avant qu’il ait pu remplacer les-dits suppresseurs défaillants de son logis, un fantôme a trouvé le moyen de s’inviter chez lui, pire de lui laisser un message et une mission. Comme si les revenants n’étaient pas déjà assez effrayants en restant muets. Mais serait-il raisonnable d’ignorer les dernière volontés d’un résidu si entreprenant d’autant que cette même nuit, un pâté de maisons entier a tout simplement disparu de de la surface de la ville et que les autorités sont bien en peine d’en expliquer la raison. Alors que la magie semble se détraquer de plus en plus dans une ville déliquescente, Clovis se retrouve entrainé bien malgré lui dans quelque chose qui, il en a peur, le dépasse largement…

J’ai toujours aimé les créateurs de mondes et c’est exactement ce que nous avons ici. Montréel est un livre qui, en un certain sens, se mérite. Il prend son temps pour planter le décor, présenter ses personnages, faire vivre sa ville, affiner les perspectives (les exergues en tête de chapitre, extraits de textes issus de l’histoire, de la sociologie ou de la littérature du monde alternatif de Montréel, en sont un raffinement qui – grand Tolkien – ne pouvait que me charmer) et ainsi de suite. Mais une fois installé dans le récit, ce temps trouve sa récompense car on se promène dans un monde étonnement crédible (et on parle d’un monde où la magie existe de tout temps quand même !), étrangement reconnaissable (quoique totalement différent, ce qui n’est pas le moindre de ses tours de forces), d’une finesse et d’une complexité plus suggérée que réellement expliquée, ce qui ne la rend que plus passionnante. Très ancré dans une période qui, à mon sens, pourrait être une seconde moitié alternative du XXe siècle, ce livre est un bonheur de lecture pour qui aime s’attarder, muser et se projeter dans des mondes sans repères. au fur de la lecture, l’histoire se délie, les pages tournent plus aisément, on se prends à rêver aux personnages, aux situations, aux étrangetés… il y a du Neverwhere dans ce Montréel et d’ailleurs un petit voyage dans la zone froide de Londres n’est pas à exclure, et qui refuserait une petite plongée dans l’inconnu. Prenant !

Montréel – Eric Gauthier – Alire – 2011

PS : Même que mon exemplaire est dédicacé parce que je suis tombé dessus aux Imaginales tout à fait par hasard et que je n’ai pas pu résister… un Montréal alternatif, non mais…

PPS : Et ne croyez pas qu’il n’y ait aucun rapport avec la réalité ou la ville d’aujourd’hui, c’est toujours plus compliqué avec la SF, serait-elle teintée de magie, mais je vous laisse le plaisir de la découverte et de l’interprétation… Gardons nous de divulgâcher quoique ce soit.

PPPS : Si vous n’avez pas lu Neverwhere de Neil Gailman, vous devriez…

 

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8 réponses à Montréel

  1. argali dit :

    J’aime beaucoup la couverture. Mais pas sûre que ce roman soit pour moi. A voir.

  2. Ça pourrait bien me plaire, en plus je garde un excellent souvenir de Neverwhere, mais aurais-je la patience du texte qui prend son temps ?… Je note quand même, ce livre m’intrigue !

  3. Luocine dit :

    J’ai l’impression que j’ai un peu passé l’âge de ce genre de récits mais parfois j’aime bien me replonger dans l’adolescence.

    • yueyin dit :

      Je peux t’assurer qu’aux Imaginales, salon du livre de fantasy (où j’ai acheté celui-là), ou aux Utopiales, salon du livre de Sf, il y a des lecteurs de tous les âges 😀

  4. isallysun dit :

    Ce n’est pas mon genre de prédilection, mais ce que tu en dis m’intrigue!

    • yueyin dit :

      Il y a des trésors à découvrir au Québec pour ceux qui aiment les litté de l’imaginaires mais bon c’est vrai que ces ont des genres qui peinent à sortir de leur case assignée 🙂 après celui-là est long faut le savoir 🙂

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