Richesse oblige

Des mois que je n’ai rien écrit. Impossible, pas motivée, pire démotivée… Ce blog se fait vieux – comme moi peut-être. Quand le confinement a commencé, je me suis dit : c’est l’occasion, on remet ça. Et là j’ai découvert que confinement et démotivation vont très bien ensemble, sans compter que même lire relève du pensum alors écrire. Bref, Aujourd’hui en ce 37e jours de confinement, j’ai décidé de passer outre et d’écrire quelque chose en mode allez allez on y croit, on va y arriver, go go go… façon auto pom pom (girl) si vous voyez ce que je veux dire.

Alors il se trouve que le 13 mars dernier (et oui!) je trainais sans but dans Revel (si j’avais su j’aurais apprécié encore plus) et je suis (bien évidemment) entrée dans une petite librairie sans aucune intention d’acheter (promis) mais, il se trouva que j’y tombai (pourquoi diable m’emberlificotai-je dans du passé simple) sur le dernier Hannelore Cayre et forcément je succombai. Car Hannelore Cayre, que j’ai découvert avec sa jubilatoire et fantabuleuse Daronne me fut l’objet d’un vrai coup de cœur littéraire comme cela arrive finalement assez peu  !

Mais je m’égare et revenons donc à Richesse oblige, objet de la présente chronique. Blanche a toujours été un vilain petit canard ou un agent du chaos si l’on préfère, elle fuit donc son ile natale et néanmoins bretonne dès qu’elle le put, persuadée qu’à force de déclencher catastrophe sur catastrophe, ça allait finir par tourner mal. Pour autant que cela puisse être pire. Elle s’était donc retrouvée à Paris, grande appareillée pour cause de rupture vertébrale, docteur en littérature, modeste fonctionnaire aux archives judiciaires, fille mère et fauchée sans excès. Et finalement cela lui convenait assez, nonobstant les menaces de précarité toujours présentes dans notre merveilleux monde libéral jusqu’à ce qu’une conversation entendue par hasard la mette sur sa propre piste. Celle de son nom unique en son genre sur son ile – Blanche de Rigny, celle de sa putative et néanmoins richissime famille éloignée – mais pas tant que ça, et celle de ce grand-père inconnu qui l’y rattachait, Auguste, l’agent du chaos de sa génération…

Un roman double, moitié de nos jours – en suivant Blanche,  son enquête et son chaotique parcours (j’ai un faible pour les héro.ĩne.s tout croches comme on dit au Québec), moitié en 1870, alors que la riche famille d’Auguste – qui évidemment n’a pas trouvé mieux que de tirer un mauvais numéro* – cherche a lui acheter un remplaçant pour le service. Oui oui vous avez bien lu : acheter un homme ! Cela se faisait en ce temps-là pour épargner à la futur élite de la nation (pardon on me souffle qu’on parle désormais de premiers de cordée my bad) les affres du service militaire d’autant en 1870, les bruits de bottes se faisaient insistants et qu’on sentait bien que si ce n’était jamais le moment de trainer dans des les malodorantes casernes de l’empire, ce le serait encore moins dans l’avenir. Une double intrigue – je cherche un terme, j’ai déjà utilisé jubilatoire ce me semble – ébouriffante, drôlatique et noire de noire car le monde est ce qu’il est, parfois lumineux mais souvent laid pour ne pas dire repoussant et – pragmatisme oblige – il faut parfois jouer son jeu pour l’améliorer. Excellentissime !

Richesse oblige – Hannelore Cayre – 2020 – Métalié noir

les avis de Jean-Marc – l’actu du noir – et de Cuné

*de 1818 à 1872 – la conscription était l’objet d’un tirage au sort, on gardait de 25 à 35% des jeunes hommes de 20 ans et ce pour un service de 5 à 8 ans selon les périodes. Ceux qui en avait les moyens pouvaient, toujours selon les périodes, soit payer pour être exemptés soit trouver un remplaçant – soldat ayant fini son temps, cadet sans terres ou hère sans ouvrage, d’une façon générale pauvres sans moyens de subsistance ni avenir. Qu’on me pardonne ce résumé certainement parcellaire et très insuffisant.

** Lisez les remerciements, ils en valent la peine 🙂

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9 réponses à Richesse oblige

  1. Karine dit :

    Bon, ok, je vais le lire! Mais bon, acheter un homme.. ça me… bref, brrrrr!

  2. Aifelle dit :

    Confinement et démotivation vont très bien ensemble, je confirme. J’ai beaucoup aimé ce roman où j’ai retrouvé tout le franc-parler et le côté cash de l’auteure. Mon grand-père me parlait de cet achat d’hommes, à son époque c’était encore vif je crois dans la mémoire collective. J’ai aimé les parallèles qu’elle fait entre hier et aujourd’hui, toujours la même exploitation des pauvres, sous des formes différentes. C’est jubilatoire.

  3. Anne dit :

    Bizarrement le confinement m’a plus motivée à bloguer (et le mois belge aussi – heureusement d’ailleurs,sinon je serais une organisatrice à la ramasse). Je dois avouer que je n’ai toujours pas lu La daronne, mais il est dans ma PAL. Avec ce titre, tu me donnes une idée de cadeau pour mon p’tit frère qui avait aimé La daronne.

  4. Mais non tu n’es pas vieille, et ton blog non plus, quelle idée !

  5. Robertnow dit :

    Celebrate 25 years of the legendary Tipitina s, an Uptown institution that showcased homegrown talent like Professor Longhair, James Booker, Dr.Pero despierto y actúo como si nada andara mal Simplemente me preparo para.Mississippi Delta blues is the most intense of the three styles and has been the most influential.All of this comes to a head at the midway point, where Springsteen s guitar faces off against the rest of the E Street Band in a blissful blend of jazz and rock n roll.John has no furniture in his flat. https://phakesindeudsidbo.regbemispresnilitirecewemavo.co And here s what it would have looked like if Billy and the boys were there at the same time.It was everything from running the sequencer, recording Trent, and editing the sequences to come up with sounds, manipulating them, and arranging a lot of the demos that Trent was coming up with.В В Т , И И Т , В Б Я Б.Furthermore, alternative rock lyrics were often critical or skeptical of mainstream values.Los estudios migratorios revelan que los movimientos de personas de reas de bajo riesgo a reas de riesgo alto estn asociados con un incremento en la incidencia de cncer de prstata entre los inmigrantes.

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