Au XVIIe siècle Honor Harris, toute jeune fille de la gentry, impétueuse et volontaire croise le chemin de Richard Grenville, de dix ans son ainé, marin et soldat accompli, viveur, hâbleur, fort en gueule et d’une assurance ahurissante. Leur rencontre fait des étincelles – au grand dam de la famille de la jeune fille effrayée par la réputation sulfureuse dudit Richard – et leur idylle s’achève dans un drame. Quinze ans plus tard, alors que la guerre civile ravage l’Angleterre et que la Cornouaille se déclare majoritairement royaliste, leurs chemins se croisent à nouveau…
J’ai découvert Daphné Du Maurier sur le tard, alors que ses romans – très populaire dans les années cinquante et soixante, un peu oubliés depuis – étaient présents dans la bibliothèque familiale. Quoi qu’il en soit je suis passée à côté et quand j’ai découvert Rebecca, j’ai su que c’était une erreur, une gravissime erreur mais j’ignorais encore à quel point. Car ce Général du roi est une petite merveille de roman historique et un véritable coup de coeur.
Comme tout roman historique qui se respecte il nous fait revivre une époque, en l’espèce la première guerre civile anglaise qui devait mener à la prise de pouvoir par Cromwell, mais comme ne le font que les bons, il touche à l’universel en nous faisant vivre le conflit de l’arrière et plus précisément du point de vue des femmes. Ces femmes qui voient partir leurs hommes – père, mari, frère, fils et attendent, attendent, attendent encore, protégeant les enfants, cherchant de la nourriture, recueillant les blessés, craignant que l’ennemi n’apparaisse au bout du chemin et s’inquiétant encore et toujours du sort des absents. Daphné du Maurier en connaissait un rayon sur le sujet, elle qui écrivit ce roman en 1945 au sortir d’un autre conflit et le dédia à son mari – militaire de carrière – “Also a general”.
Quant à la romance, on peut faire confiance à Daphne, de l’amour oui, de la passion même mais ni guimauve ni bluette – Honor voit Richard tel qu’il est – bon soldat, fin stratège et grand meneur d’hommes mais aussi cruel, arrogant, imbu de sa personne, totalement incapable d’écoute et extrêmement doué pour se faire des ennemis. Un de ses trublions qui en temps de guerre peut faire la différence mais que ni ses égaux ni ses supérieurs ne peuvent supporter.
Ainsi donc nous avons ici une guerre, une réflexion sur le sort des femmes, un amour fou et cela serait une matière fort suffisante pour un magnifique roman. Mais il y a plus, car l’auteure en profite pour rendre un vibrant hommage à la Cornouaille – sa terre d’élection – et à la propriété de Menabily – qu’elle habita longtemps, et dont elle fit le cadre principal – quasiment un personnage – de l’intrigue. C’est d’ailleurs cette propriété, qui avait déjà servi de modèle au Manderley de Rebecca, qui lui inspira l’histoire du Général du roi lorsqu’on découvrit, lors de travaux, une chambre secrète oubliée dans un de ses murs… Oui une chambre secrète, une vraie et que l’on pouvait aisément dater de la guerre civile pour une raison dont je ne vous dirai rien ici. Allez, avouez que vous voulez en savoir plus… Coup de coeur !
Le Général du Roi – Daphne Du Maurier – 1946 – Traduit de l’anglais par Henri Thiès – Phebus libretto – 2003
Les avis de Karine et Choupynette avec qui je partageait cette lecture et qui ont aimé elles-aussi (forcément ajouterais-je…)
PS : Sir Richard Grenville est un personnage historique, un chef de guerre qui a soutenu Charles 1er puis Charles II avant d’être écarté.
PPS: Menabily appartient depuis l’origine et encore aujourd’hui à la famille Rashleigh (Daphne Du Maurier n’en était que locataire), à l’époque de la guerre civile les propriétaires en étaient Jonathan Rashleigh et son fils John dont la femme s’appelait Joan Pollexfen (les initiés comprendront, les autres lisez donc le livre).
PPPS: Nina Companeez a réalisé en 2013 une fort jolie et fidèle adaptation de ce roman – sous le même titre – avec Louise Monod et Samuel Le Bihan, transposant l’histoire en Vendée pendant la révolution française. Je conseille.
Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine…
Coup de coeur ?! Je ne connais pas ce titre mais je m’empresse de le noter.
Ah je crois que tu peux y aller, c’est une merveille 🙂
J’ai lu plusieurs titres de l’auteur mais pas celui-ci, je le lirai bien un jour, Daphné du Maurier c’est un peu une auteur doudou!
Oui je crois vraiment qu’elle est en train de le devenir pour moi aussi 🙂
Que de bons souvenirs cette lecture. ça me donne envie de le relire.
Oui c’est vraiment le genre de livre qui se relit 🙂
Lu il y a longtemps, j’avais adoré, je l’ai retrouvé récemment chez un bouquiniste et je l’ai acheté
Comme je te comprends, il en vaut la peine 🙂
Ton billet confirme mon impression : oui, c’est bien avec ce roman-ci que je poursuivrai ma découverte de D. du Maurier car, comme toi, je suis sous le charme ! 🙂 Bon après-midi !!
JE te souhaite une aussi belle lecture qu’à moi… un très grand plaisir 🙂
Voilà une auteure qui ne m’avait jamais tenté. Ton billet me dit que j’ai eu tort.
Le Papou
Pourtant je pense que tu en as à la maison 🙂
Ah !! QUe je l’aime, Daphné du Maurier ! Rebecca m’a fait tellement peur plus jeune, et l’auberge de la Jamaique m’a bien fait rêver…. et peur aussi en fait, si je me souviens vaguement. Celui là, je ne le connais pas. Tu me l’amènes cet été, dis ? C’est très alléchant !
Il est extra ce roman, oui oui je te l’amène, il FAUT le lire 🙂 (j’ai beaucoup aimé Rebecca aussi 🙂 )
Voila ça y est tu es tombé dans le piège et tu vas toi aussi devenir une fan de Daphne!!!! Ravie ravie je suis (forcémment) . Par contre je n ‘ai jamais vu l ‘adaptation dont tu parles (comment est ce possible ?)
grave grave grave… le prochian je ne sais pas, je me tate 🙂 l’adaptation est de nina companeez ; je l’ai regardé sur le net sans trop de problème 🙂
Où ça ? Où ça ? En Dordogne ?
Le Papou
ben non, chez toi dans le sous sol je pense ou peut être dans la chambre du haut où y’a des livres… pas celui là par contre, mais d’autres il me semble 🙂
passionnant à lire!! une auteure de très grand talent, injustement oubliée!
ah mais absolument, quel coup de coeur celui-là 🙂
Voilà! Tout pareil! Forcément!
j’aime mieux quand on est tout pareil ma Karine 🙂 ça me semble plus normal 🙂
Je l’ai adoré aussi celui-ci, mon deuxième préféré apràs L’amour dans l’âme.
Ah oui moi pareil, un vrai coup de coeur… j’ai adoré 🙂