Dexter Morgan est expert médico légal pour la police de Miami, spécialisé dans les tâches de sang. A ses heures perdues, il pratique le meurtre en série avec torture et démembrement, on ne sait pas bien dans quel ordre. Par un heureux hasard pour les innocentes proies humaines, son flic de père adoptif ayant repéré ses pulsions précoces – les animaux avait tendance à disparaitre dans son entourage – l’a doté sinon d’une conscience – chose impossible – du moins d’un code de conduite l’obligeant à limiter son hobby aux tueurs certifiés conformes – Dexter doit en avoir la preuve absolue sinon légale – ayant réussi par quelque artifice à échapper à la justice. Promu ainsi au rang de justicier-serial-killer (type Judge Dread en somme), Dexter passe le reste de son temps à peaufiner son “déguisement”, imitant en véritable artiste les émotions qui lui restent étrangères et tentant péniblement de comprendre ce qu’attendent de lui les “vrais humains” qui l’entourent. Les choses en sont donc confortablement là pour lui, lorsqu’un nouveau tueur fait son apparition à Miami, un tueur qui semble partager la paradoxale répulsion de Dexter pour le sang dans la mesure où ses victimes sont toutes retrouvées sans la moindre goutte du liquide en question…
Y a-t-il encore dans la salle des gens qui ignorerait l’existence du très Dangereux Dexter le souriant serial killer ? La série télévisée de James Manos diffusé sur Showtime l’a rendu fort célèbre. Les romans d’origine de Jeff Lindsay restent plus confidentiels ce me semble et la curiosité étant ce qu’elle est, pour les chats dans mon genre, il fallait bien que j’aille fureter de ce côté.
Alors en tant que polar, les romans de Lindsay pêchent nettement par manque de réalisme. Les enquêtes sont expédiées, peu crédibles et on peine à croire que la police de Miami soit intégralement composée de débiles profonds à l’exception, bien sûr, du pétulant tueur qui lui sert d’expert en tâches sanguinolentes. Pour autant ces romans dégagent un certain charme dû essentiellement à leur bien réelle drôlerie. Les personnages principaux sont dysfonctionnellement réjouissants, Dexter lui-même bien sûr mais aussi sa pathético-idéale famille d’adoption – de la soeur flic navrante de grossièreté à la copine déguisement idiote, en passant par les enfants traumatisés en bonne voie pour relever le flambeaux sanglant de beau-papa. Et surtout le ton de ces romans est une vraie réussite, drôle, décapant, cinglant même et très réellement glauque parfois. Plus que dans la série me semble-t-il, ici nous sommes dans la tête du tueur et le discours est éminemment dérangeant quoique drolatique. Autant vous dire que pendant ma lecture (J’ai lu les cinq premiers tomes d’affilé, j’avoue tout) il était totalement inutile de me demander son chemin dans la rue, j’ai arrêté de répondre aux inconnus, roulé toutes portières verrouillées et tutti quanti… A côté le Dexter de la série est beaucoup plus convenable – il est vrai que je n’ai pas vu toutes les saisons (je suis parfois volage) (surtout avec les serial killers) (mais je m’égare). Un polar moyen donc – au cinquième tome, je me suis clairement lassée – mais avec un ton et une drôlerie qui en font une lecture divertissante sinon moralement recommandable. Sanglant!
Ce cher Dexter – (suivi du Passager noir, des Démons de Dexter, de Dexter dans de beaux drap, de Ce délicieux Dexter, de Dexter dans de beaux drap et de Double Dexter – les allitérations en D ne sont pas de moi) – Jeff Lindsay – 2004 (pour le premier tome) – traduit de l’anglais par Sylvie Lucas – Points
PS: Le premier tome correspond, à deux ou trois morts et quelques litres de sang près, à la première saison de la série. Ensuite les histoires divergent complètement. Et honnêtement elles sont bien meilleures dans la série, le ton par contre me semble nettement plus décapant dans les romans. Un bonus à Michael C. Hall qui campe un Dexter presque aussi inquiétant que celui des romans alors même que les intrigues le bride nettement plus.
PS: La relation entre Dexter et son passager noir vaut parfois son pesant de cacahuètes – sympathique variation sur le dialogue intérieur version démoniaque – tout comme les conversations qu’entretiennent les différents passagers trimballés par les monstres divers et variés qui se croisent et se recroisent dans ces pages (et il y en a… de tous les âges).
J’hésitais, les serial killers me lassent mais ton billet va peut-être me décider.
Le Papou
Comme je le disais c’est sympa, pas excellent mais drôle 🙂
J’ai un truc qui s’appelle Darkly Dreaming Dexter dans ma pile… c’est quel tome? Et quand on compare Michael c Hall dans Dexter et SFU, c’est hallucinant!
C’est le tout premier, idéal pour commencer quoi 🙂
Vu un ou deux épisodes par hasard. Mais sans plus.
Ce sont les mêmes personnages hein donc…
J’ai enchaîné rapidement les 3 premières saisons et je me suis lassée. Peut-être y reviendrai-je …
Ici il s’agit des romans initiaux 🙂
Oh ben tiens, tu as de saines lectures à ce que je vois…
Pas trop tentée en ce qui me concerne pour l’instant mais c’est vrai que voir ce que donne l’écrit par rapport à l’image m’intrigue.
Oui je sais, et ça me rend parano en plus, je pense tout le temps que les gens que je croise ont peut être des passagers noirs 🙂
Pas attirée par le roman, je trouve que la série est tellement bien faites.
La série est sans doute meilleure, mais j’ai passé un bon moment quand même 🙂