Traumatisé par la mort récente de son fils unique, l’inspecteur Fin McLeod se voit sommé par sa hierarchie de reprendre le travail et de se rendre illico sur l’ile de Lewis ou un crime potentiellement lié à une de ses récentes enquêtes vient d’avoir lieu. L’ile de Lewis où Fin est né, où il n’est pas retourné depuis son adolescence, où il n’est pas vraiment sûr d’avoir envie de remettre les pieds… Et il va vite se rendre compte que les choses ne changent guère sur l’ile, les mêmes gens qu’il connait presque tous, les mêmes maisons un peu plus délabrées, les mêmes paysages, les mêmes cicatrices, les mêmes archaïsmes, alors que les chasseurs de gugas – de jeunes fous de bassans – se préparent a partir pour le rocher battu par les flots où ils accomplissent chaque année leur dangereux et épuisant rituel de chasse. Et même si dès l’autopsie, il est persuadé que le crime n’est pas directement lié à son enquête, Fin se sent étrangement concerné par cette mort alors que chaque rencontre, chaque promenade font revivre en lui des souvenirs plus perturbants qu’il ne le souhaiterait…
Je redoutais un peu ce roman, annoncé comme un sommet de noirceur et de cruauté, ce qui n’est pas vraiment mon style et c’est peu dire. Et bien contre toute attente, ce fut un véritable coup de coeur, chose rare, en ce qui me concerne, pour un polar. Alors oui, peut être est-ce un roman noir, mais rien ici n’est gratuit, voyeur ou tape à l’oeil. C’est à un voyage que nous convie l’auteur, tant physique dans cette région un peu désolée du nord de l’Ecosse que mental dans le passé de l’inspecteur Fin qu’il réexplore d’abord avec précaution puis de plus en plus profondément au fur et à mesure qu’il se confronte à son passé. L’alternance entre le récit de l’enquête et les souvenirs de Fin, crée une réelle tension dans le récit qu’on dévore non pas tant pour en savoir la fin que pour en comprendre les arcanes et les rouages, délicats, complexes, secrets, plongeant leurs racines dans le passé. L’intrigue est si finement agencée que la réelle cruauté de certains évènements s’imbrique presque naturellement dans l’ensemble, évitant au récit tout exhibitionisme facile mais suscitant une vraie compassion pour les fétus de paille pris au piège d’événements auxquels ils ne peuvent échapper. Résumons-nous, une construction magistrale qui vous fait tourner les pages à la limite de l’apnée, une histoire retorse qui touche au pire comme au meilleur de l’humain, une écriture limpide qui sent bon l’iode et la tourbe : Achetez-le, empruntez-le, volez-le mais surtout lisez-le. Ecossais !
L’ile des chasseurs d’oiseau – Peter May – The blackhouse traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue – Rouergue noir 2009 – Babel noir 2011
L’avis de la grande prêtresse du kiltissime Cryssilda
PS : Je crois que je vais développer une passion pour Peter May, un homme qui écrit sur la Chine et l’Ecosse est romancier fait pour moi…
PPS : J’ai choisi de reproduire la couverture du babel noir, plus à mon goût que celle du Rouergue mais c’est tout personnel.
PPPS : J’attends avec impatience de lire la suite, L’homme de Lewis, mais j’ai déjà mis la main sur un des romans “chinois” de May, beaucoup plus classique dans l’intrigue et la construction mais fort sympathique.
PPPPS : Je veux aller en Ecosse !
ça c’est de l’enthousiasme ! ça c’est du billet ! je suis obligée de noter, c’est malin tiens !
Oui oui oui note theoma, le vaut bien 🙂
Comme j’ai lu la suite, je veux lire celui-ci !
Moi je vais lire la suite maintenant 🙂
aaahhhh!!! je viens d’abandonner sans aucun remords le Welsh, qui n’a su m’intéresser. J’espère avoir uncoup de coeur pour celui-ci !
Il va falloir que j’essaie le Welsh quand même mais celui ci est super 🙂
je note…Tu pars au Japon, l’écosse sera peut-être ta destination suivante !
Peut être, c’est moins loin après tout 🙂
Je suis ravie ravie que tu aies aimé ! Surtout que j’avais très peur, je pensais que tu allais me détester tellement ce livre peut être noir !
Je trouve que c’est limite pas un polar ce livre, c’est pas tant l’enquête qui m’a intéressée mais toute cette ambiance et l’histoire perso de Fin.
J’ai adoré l’ambiance et la plongée dans le passé quant à l’aspect noir, disons qu’il est tellement imbriqué dans l’histoire d’une part et assez peu voyeur pour que ça passe sans problème pour moi :-))) j’aime Peter 🙂
Ton beau billet a piqué ma curiosité pour ce roman. je note donc.,
Une petite merveille écossaise 🙂
C’est une telle injustice, moi qui pensais limiter le volume de ma LAL…je m’arrête ici et CRAC fin des bonnes résolutions. Je suis faible…
Mouhahaha pourquoi se limiter quand i’m y a de si belles choses à lire :-)))))
Je veux le lire!!!!!!!!!
Et tu as raison de vouloir aller en Ecosse, c’est très beau.
lis le !!!!! et oui l’Ecosse me tente décidément !!!
Et il est où Peter May dans ton index ? Et as-tu critiqué ses polars sino-américains ?
Des questions et pas de réponses c’est pas du boulot ça ! :=D
euuuh voilà, je n’ai pas mis mon index à jour, ni ecrit mon billet sur l’homme de Lewis, ni écrit de billet sur le polar sino américain, voilà quoi :-))))
Il est dans ma PAL ! Tu me donnes encore plus envie de le lire. 🙂
Mais j’espère bien, à lire absolument et le second et tout aussi bon…
J’ai hâte, j’ai hâte ! Je dois lire le Burnside qui est chez moi pour le faire tourner et après je m’attaque à Peter May. Je voulais l’emprunter à la bibliothèque mais tu me donnes bien envie de me l’offrir !
Je vais me l’offrir je pense, c’est trop bon pour le laisser à la bibli 🙂
Tu n’es pas la seule à avoir beaucoup aimé ce polar, je l’ai mis en bonne place dans ma LAL… Cette île me donne des envies d’aller y voir de plus près… Et comme toi, j’adore la couverture, ce qui ne gâche rien…
Oui je crois que la plupart des gens ont aimé… c’est qu’il est bien !