Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très-vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets !


Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit…

C’est sous Louis treize; et je crois voir s’étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit,


Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs;

 

Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que, dans une autre existence peut-être,

J’ai déjà vue… et dont je me souviens !

 

Gérard de Nerval – Odelettes – 1834

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16 réponses à Fantaisie

  1. Suzanne dit :

    Sirop que c’est beau!

  2. lou dit :

     

    Cet air d’une fantaisie languissante serait-il celui de la Fantaisie chromatique de Bach, ici évoquée, là en version intégrale ?

    Maintenant, le ch…. de service revient.

    Le dernier quatrain (parce qu’il s’agit de quatre quatrains) commence à “Puis une dame…”.

    La leçon “et tout Weber” est recevable. Le vers, un décasyllabe, semble chahuté, mais “Weber” se prononce “Webr”, ouf !

    ; – )

     

  3. Neph dit :

    Je l’ai étudié avec mes élèves de 2nde l’an dernier 🙂

  4. Le Papou dit :

    Jamais été fâché ! juste que des fois Le Papou ne comprend pas ! Quand il ne comprend pas, il n’aime pas, un taureau quoi!

  5. Marie dit :

    Ce poème est celui que je préfère chez Nerval… C’est bôooooo !

     

  6. pyrausta dit :

    souvenir souvenir que me veux tu? (oui je sais ce n’est pas du meme auteur :))je l’ai appris au lycee..il m’en reste encore quelque chose.Nerval,melancolie.Beau.

  7. pyrausta dit :

    de Paul Verlaine

     

     Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain, tournant vers moi son regard émouvant : "Quel fut ton plus beau jour?" fit sa voix d'or vivant, Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. Un sourire discret lui donna la réplique, Et je baisai sa main blanche, dévotement. -- Ah! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées ! Et qu'il bruit avec un murmure charmant Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées ! 

    Beau,non?

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