Chant d’automne I

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

 

Charles Baudelaire – Les fleurs du mal

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8 réponses à Chant d’automne I

  1. bookworm dit :

    Je n’ai pas hâte qu’il arrive cet automne !

  2. Si le cercueil est pour l’hiver, j’ai hâte d’accueillir l’automne.

  3. Hathaway dit :

    Toujours plongée dans Baudelaire alors… C’est très doux et puis l’automne approche…

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