Un homme

En célébrations des dimanches poétiques de Celsmoon, j’ai pensé vous faire connaitre un peu mon bien aimé Georges Fourest en sélectionnant un brelan de sonnets dans ses deux recueils, la négresse blonde et le géranium ovipare. Après avoir un peu balancé (avec notamment le pseudo donnet que les amateurs de plaisanterie facile proclameront le meilleur du recueil, mais il a été cité en commentaire ici la semaine dernière par Monsieur Lou, vous pouvez donc l’y aller voir), j’ai choisi celui-ci pour clôturer cet hommage…


Justum et tenacem propositi virum
Horace
Gémir, pleurer, prier est également lâche
Alfred de Vigny


Quand le docteur lui dit : “Monsieur c’est la vérole
indiscutablement !”, quand il fut convaincu
sans pouvoir en douter qu’il était bien cocu
l’Homme, n’articula pas la moindre parole.

Quand il réalisa que sa chemise ultime
et son pantalon bleu par un trou laissaient voir
sa fesse gauche et quand il sut que vingt centimes
(oh! pas même cinq sous!) faisaient tout son avoir,

il ne s’arracha point les cheveux, étant chauve,
il ne murmura point :”que le bon Dieu me sauve !”
ne se poignarda pas comme eût fait un romain,

sans pleurer, sans gémir, sans donner aucun signe
d’un veule désespoir, calme, simple, très-digne
il prononça le nom de l’excrément humain.

Georges Fourest (1867-1945)
Le géranium Ovipare

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