“Que dit la reine du silence ?” une phrase écrite en lettres capitales sur une carte postale. Voilà l’un des rares souvenirs matériels que garde Marie Nimier de son père, mort dans un accident de voiture lorsqu’elle avait cinq ans. Une drôle de phrase, une drôle d’énigme pour une petite fille qui ne sait pas ce que ce père attend d’elle.
Quarante ans après, Marie se lance à sa recherche, à la recherche d’une image, d’une silhouette, d’une vérité qui n’existe pas. A travers ses souvenirs revisités, à travers ceux de sa famille, de certains de ses amis, a travers des lettres aussi auxquelles elle aura accès dans une scène d’anthologie. Elle reconstruit petit à petit le personnage dont l’ultime manquement – celui de partir pour toujours – n’a fait que clore une série. on peut dire qu’il cumulait depuis l’origine.
Dans un style tout en finesse et sensibilté, elle nous convie à ce voyage dans l’imaginaire d’une petite fille mise à l’épreuve des souvenirs des autres. Avec une certaine cruauté aussi dans la façon dont elle met en scène les pires actions de son père sans jamais les commenter. Pour combler ses manques, symbolisés par son incapacité chronique à apprendre à conduire ? Pour rencontrer enfin cet écrivain célèbre et se confronter à lui en tant qu’adulte ? Pour ressentir enfin ce que connaissent ceux qui ont eu un père ? Pour se réconcilier enfin ! Peut-être tout cela à la fois et plus encore, elle finit par se retrouver dans tous ceux qui ont perdu quelqu’un et souffre d’absence. L’évocation récurrente de l’enfant de l’autre femme, celle qui était avec son père dans la fameuse voiture, est assez symbolique de ce besoin de partage.
Au finale une lecture poignante dans une écriture fine et lumineuse. Un très beau roman.
Quant à Roger Nimier, je ne le connais pas du tout en tant qu’écrivain et il est toujours injuste de juger un personnage au travers du regard que porte d’autres sur lui mais que penser d’un homme (d’un père) qui annonce ainsi la naissance de sa fille : “Au fait Nadine a eu une fille. J’ai été immédiatement la noyer dans la seine pour ne plus en entendre parler…” Avoir de l’esprit n’est pas une excuse…
La reine du silence – Marie Nimier – Gallimard – 2004
Laquelle ? celle où je dis que c’est toi qui m’a donné envie de le lire ? Au fait merci Thom !
Celui-ci je l’avais repéré suite à ma visite chez Thom et là tu confortes mon désir de me le procurer au plus viiiiiiiitte. 😉
Alors si vous en dites tant de bien, thom et toi… je fonce!
Attention aux chevilles Thom! 😉
Rien à voir avec la choucroute… c’était juste pour dire que j’aime beaucoup ta nouvelle bannière !
Florinette, choupy j’espère que vous aimerez…
Profite thomthom, profite… 😉
Incoldblog, merci de l’avoir remarqué… On a eu un peu de mal à l’animer mais ça y est !!!
Bonjour. J’informe les lecteurs appréciant Marie Nimier qu’une lecture par Cécile Guillemot de son dernier texte “Vous dansez”(ed Gallimard) aura lieu
le lundi 18 décembre à la SACD (Maison des Auteurs),
7 rue Ballu 75009 Paris.
Renseignement horaire et réservation : http://airy.fr
La dernière phrase de ta critique est presque aussi poignante que le bouquin…non ? 🙂
Miam, mon nom dans chaque commentaire…
Je vous en prie les filles, continuez 🙂