Légende d’automne

l-gende-automne.jpg Je m’attends toujours à avoir du mal avec la littérature américaine. J’hésitais donc depuis fort longtemps à lire Jim Harrison. J’avais peur de me retrouver engluée dans une noirceur qui m’est plus rebutante qu’autre chose. Et bien j’avais tort, j’avais grand tort : quel style, grand Tolkien, quelle puissance !
Légendes d’automne est le titre d’une des trois longues nouvelles qui composent le recueil. J’avais vu le film il y a longtemps et je fus d’abord assez étonnée qu’il soit l’adaptation d’une nouvelle. Sans le savoir j’avais mis le doigt sur ce qui m’a le plus fascinée chez Harrison, cette extrème consision du style qui dit tant en si peu de mots. En quelques pages il plante le décor, donne vie et corps à des personnages et des situations d’une profondeur hallucinante. C’est un conteur c’est entendu mais comment fait-il pour que des personnages qui finalement n’ont vécu que quelques pages existent à ce point ?
Prenons la première nouvelle Vengeance : le thème en est archibateau, un homme sans identité est laissé pour mort dans le désert. Recueilli par de bons samaritains il va revivre pour se venger ou peut être trouver une rédemption, un thème récurrent semble-t-il chez Harrison. En quelques lignes l’auteur enrobe de chair ce squelette narratif pour en faire une sorte de perfection stylistique… un véritable tour de force.
La seconde est tout aussi classique, à la suite d’une rupture, un homme qui a apparemment tout réussi remet en cause l’intégralité de son existence et renaît d’une certaine façon en abandonnant tout derrière lui. Là encore un thème qui a un petit goût de déjà vu mais non ! Le questionnement de ce personnage devient le nôtre, s’exerce sur des thèmes différents, autrement et ce narrateur campé en quelques pages prend une place et une profondeur inattendue.
Quant au dernier récit, le plus abouti sans doute, il est fort connu. Pendant la première guerre mondiale, trois frères du Montana décident de s’engager dans les contingents canadiens. Leur famille en restera profondément marquée, mais est-ce réellement la guerre qui a changé les choses ou ces hommes portaient-ils en eux leur destin. Une merveille de concision et de profondeur, dans le style le plus pur qui soit…
Pour tout dire Harrison est l’homme qui écrit une saga en 150 pages… époustouflant !

Merci Tina pour ce cadeau et cette découverte…

Une interview passionante accordé par Jim harrison au magasine Lire en 2004 ici

Légende d’automne – Jim Harrison – 1979 – traduit de l’anglais par – Robert Laffont 2004 (10/18)


Ce contenu a été publié dans Roman américain. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

40 réponses à Légende d’automne

  1. Gachucha dit :

    Après cette découverte il faut absolument que tu lises “Dalva” !

  2. Karine:) dit :

    J’ai noté ce livre il y a deux éternités… à la sortie du film, je pense.  Et je ne l’ai encore jamais lu (bon… le nom de l’auteur ne me plaît pas… des fois, faut pas trop chercher à comprendre mes motivations bizarres à lire ou ne pas lire quelque chose!).  Par contre, ton billet positif me tente beaucoup.  Je ne vais pas dé-noter!!!

    • yueyin dit :

      Oh mais je comprends bien, moi aussi mes motivations et mes a priori en matière de lecture sont souvent bizarres… (pourtant on devrait le savoir qu’il ne faut pas avoir de préjugés ;-))))

  3. La liseuse dit :

    Et après “Dalva”, “la route du retour” qui est la suite, toujours chez 10/18. c’est très terroir version USA. Dépaysant à souhait !

  4. Stéphanie dit :

    comme Karine, j’ai aussi de dröle de lubie / livres (c’est souvent lié à la présentation et aux types de caractères utilisés)  mais rien ne me retient de noter celui-ci 🙂

    • yueyin dit :

      C’est vrai que les couvertures par exemple sont parfois attirantes ou repoussantes… MAis celle là ça va, quoiqu’elle ne soit pas particulièrement spécifique au texte, enfin les personnages montent à cheval de temps à autres faut dire :-)))

  5. LVE dit :

    Je ne comprends pas ta remarque “grand Tolkien”. Que veux-tu dire ?

  6. Lilly dit :

    J’ai adoré le film quand j’étais ado, et je comptais lire ce livre depuis un moment. Là, tu donnes envie de se jeter dessus !

  7. florinette dit :

    Ça fait un petit moment que cet auteur me tente et ce livre me semble très bien pour commencer !! 😉

    • yueyin dit :

      Je pense oui, les histoires sont courtes mais si denses qu’elles ne m’ont absolument pas laissé sur ma faim… à se demander comment on sort des romans plus longs de l’auteur 🙂 j’ai hâte de voir ça 🙂

  8. Ori dit :

    Ah bon le film avec Braaaaaaad vient d’une nouvelle!! Allez j’avoue j’avais bavé devant le film à l’époque, ho ça va hein!!! Va falloir que je lise ça alors merci ^^

  9. Gambadou dit :

    Moi aussi j’ai du mal avec la littérature américaine (pardon Jean-Marc), alors là du coup, j’hésite….

  10. Pimpi dit :

    Jamais lu non plus, mais ton commentaire est tellement positif que j’ai bien envie d’essayer ! Je note !

  11. Ben vouala je passe par hasard sur ton blog et z’hop je cours chez le libraire … C’est une vrai maladie…enfin encore un qui va rejoindre ma PAL.
    Au fait ma yue yin Merci tres tres beuocoup pour ton pitit cadeau de nanninanere…En plus j’adore l’inspecteur Holy; il est juste un peu barge comme j’aime!!!

    • yueyin dit :

      il s’appelle Harry gludo, non ? moi aussi je l’aime bien ce barge, j’ai bien aimé les cafards aussi et j’ai rouge gorge en attente…
      POur harrison je crois que ça pourrait bien te plaire 😉

  12. chiffonnette dit :

    Mon premier Jim Harrisson! Et c’est la faute à ce anvet avec Brad Pitt!! Je devais avoir 15 ou 16 ans! J’avais adoré!

  13. Choupynette dit :

    Ah ca y est tu l’as lu!!  il faudra que je lise ce livre, ou  peutêtre dalva, dont tina avait dit qu’il était bien aussi je crois!
    bisous

  14. lamia dit :

    Tu m’aides à compléter ma culture, je savais que le film avec Braaaadd était tiré d’un livre, mais je ne connaissais pas le nom de l’auteur. Bon Harrisson pour moi c’était un Beatles.

  15. tina dit :

    Aahhhhhhhh ! Ca y est ! Tu l’as lu et il t’a plu ! Remarque, je m’en doutais un brin. A mon sens, Dalva est encore mieux. Et les romans longs de Jim Harrisson sont aussi très bien. IL a une plume magnifique. On m’a dit aussi beaucoup de bien de “De Marquette à Vera Cruz” ainsi que de ses mémoires, dont je ne me souviens plus du titre. Je peux le croire, car c’est un personnage truculent.
    Concernant la liste de Jean-Marc, chouette, encore des trucs à découvrir. J’ai juste une réserve sur Brady Udall, dont j’ai lu “Lachez les chiens”, qui est un recueil de nouvelles et avec lequel j’ai eu du mal. D’accord avec toi aussi pour la trilogie New-yorkaise, qui m’a aussi étouffée. Mais j’ai beaucoup aimé Moon Palace, même si j’ai du mal avec la noirceur de Paul Auster.
    Sinon, je suis en train de finir “Du bout des doigts” de Sarah Waters. Géniaaaaaaaaaal ! Vivement que tu le lise (oui, il faut que je te le rende) et que tu fasses un papier. Qui l’a-t-il déjà chroniqué ?

    • yueyin dit :

      j’ai vraiment apprécié son style et je me régale d’avance avec Dalva…
      Sarah Waters a été chroniquée par thom et chez les chats aussi… sans doute par d’autres :-))
      JE recule toujours le moment de m’attaquer à Moon palace mais bon c’est prévu :-))

  16. tina dit :

    En ce qui concerne Harrisson, pour compléter ta réponse à Lamia, il y en a qui le confondent avec Jim Morrisson, le chanteur des Doors. Sans rire, je l’ai entendu plusieurs fois, quand je suis de permanence à la bibliothèque… :-). Bon, je sais c’est pas bien de se moquer, mais ça m’a quand même fait sourire…

  17. Joelle dit :

    Je n’ai lu que “Dalva” de cet auteur et même si j’ai bien aimé, cela n’a pas été suffisant pour que je me lance dans la suite “La route du retour” !

  18. Lou dit :

    J’ai deux livres de cet auteur en attente… ta critique est vraiment très bien menée et tu sais comment t’y prendre pour nous donner envie de découvrir ce livre 😉 Bravo, en tout cas tu m’as donné envie de m’y mettre !

  19. Du mal avec la littérature américaine ? Mais pourquoi donc ? Sans même prêcher pour ma paroisse polar, en plus de l’indispensable Dalva, il y a

    TC BOyle : Water Music, génial ; La belle affaire, très agréable, ou America, mais là attention c’est très très sombre.

    Braddy Udall : le destin miraculeux d’Edgar mint

    Tristan Egolf : le seigneur des porcheries

    Paul Auster : la musique du hasard, Leviathan, Moon palace

    John Irving et l’incontournable monde selon Garp

    Dan O Brian, l’esprit des collines

    etc …

    Pour trouver le souffle, l’épique, le romanesque qui manque souvent à notre petite production locale étriquée, une solution, traversez l’Atlantique

    • yueyin dit :

      fan de littérature américaine Jean-MArc:-) Pour Irving c’est fait j’adore ! (oui il y en a que j’aime bien quand même : Irving, roth, lurie, kinsolver, hillerman, foer…), moon palace est dans ma pal histoire de me réconcilier avec auster qui m’a asphyxiée avec la trilogie new yorkaise, pour les autres je ne connais pas, je note donc…
      JE ne sais pas si la production locale est étriquée mais le monde est vaste et je trouve toujours de quoi nourrir ma fringale de lecture avec souffle, épopées, envolées… voyons outre notre héxagone, l’angleterre, l’espagne, l’italie, la suède, la norvège, le canada, l’australie, l’amérique du sud, le japon, la chine, l’inde et tant d’autres qu’il me reste à découvrir 🙂

  20. kathel dit :

    J’adore le style de Jim Harrison, moi aussi ! “Légendes d’automne” est parfait pour commencer, ensuite “Dalva” ou “l’été où il faillit mourir” ou “La route du retour” sont parfaits pour continuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *