Bien comme je peine sur un roman qui me cause bien du tracas (je ne sais si j’arriverai à passer les 20 premières pages) j’ai pioché dans mon tas à lire et à relire tout près du lit à droite pour les urgences de ce type. Et je suis tombé sur "Protée et autres essais" de Simon Leys. Au début, je me suis dit que j’allais juste relire le premier essai et puis de fil en aiguille je l’ai relu au complet avec délices.
Ce volume regroupe quatre essais (comme son nom l’indique) sur la littérature. Le premier porte sur les ouvertures : les premières phrases de roman. Je crois que c’est comme ça que j’ai acheté le livre à l’origine… Simon Leys raconte qu’un jour dans une librairie en ouvrant un ouvrage de Chesterton il découvrit cette phrase qui ouvrait le roman : "L’espèce humaine à laquelle appartiennent tant de mes lecteurs…" Il acheta aussitôt le livre et s’eclipsa car dit-til "le spectacle d’un vieux monsieur s’esclaffant tout seul dans un lieu public a toujours quelquechose d’un peu déconcertant".
Déjà, quelqu’un capable d’éclater de rire en lisant ne peut m’être que sympathique (ça m’arrive à moi au grand dam de mes filles qui trouvent ça bizarre), en plus le sujet est étonnant et la reflexion qui l’accompagne rejouissante. Et de fil en aiguille on se surprend à suivre sa pensée d’essai en essai de Cervantès à Gide en passant par Hugo même si comme moi vous n’avez pas lu Don quichotte (il est dans ma pile à lire depuis au moins autant que ça), fort peu lu de Victor Hugo et avez des souvenirs assez vague d’André Gide. Cela tient peut être à sa profonde connaissance de ses sujets ou tout bonnement à sa passion pour la littérature, ou encore à son style tout en finesse, souvent drôle et toujours lucide. Un vrai bijou !
Protée et autres essais – Simon Leys – Gallimard 2001