HFT (Hubert-Félix Thiéfaine)

C’est malin cette histoire de Crossover, pour un peu cela m’empècherait de dormir… Mais qu’est-ce que le Crossover… un challenge lancé par Thom proposant que les blogueurs littéraires écrivent un article à thème musical et les blogueurs musicaux un article sur un livre de leur choix. On se croise en somme !!! Une idée superbe mais aussi une torture en ce qui me concerne. Pourtant je participe quand même, allez comprendre !

hft2.jpeg Je n’ai pas cherché l’inspiration, c’était évident. J’ai choisi mon préféré entre tous depuis toujours : Hubert-Félix Thiéfaine. C’était un coup de foudre à l’origine et les coups de foudre à l’adolescence c’est ravageur. Je l’ai connu au lycée, HFT, à un moment ou ce n’était pas si facile de trouver des musiques rock sur des textes à rêver. Du moins en français et j’ai un mal fou à comprendre les textes anglais chantés.

Bien cela étant dit qu’est ce que je vais bien pouvoir vous raconter à son sujet. C’est un auteur compositeur interprète bien qu’il ait pas mal travaillé avec d’autres compositeurs. Il doit frôler la soixantaine, chante depuis la fin des sixties, a publié 14 albums en studio (on dit publier ?), on l’entend peu sur les médias mais ses concerts sont archipleins ! Voilà pour les généralités.

La première chose qui m’a frappé en l’écoutant, c’est sa voix je pense… Une voix grave et trainante à la diction précise et sonore qui fait claquer les mots les plus étranges, les plus inattendus.

Ses textes, ensuite. C’est un auteur sombre, son univers est torturé, pessimiste, partant des obsessions de sa génération au début de sa carrière pour s’enfoncer dans un no futur limite punk, avec des accès d’humour plutôt grinçant. Le tout dans une langue étonnament riche, mariant les mots les plus incongrus, truffée de références cinématographiques, littéraires ou musicale. ( L’affaire Rimbaud ) J’ai d’ailleurs essayé d’imposer un de ses textes sur ma liste de français au Bac mais j’ai essuyé un refus sans appel ! pfff ! C’était exil sur planète fantôme, c’est vous dire s’ils ont eu tort.

soleil.jpg La musique enfin, et ce sera le plus difficile pour moi, Je suis d’abord tombé sur Soleil cherche futur, des textes bien déjantés sur une musique carrément rock. Une révélation ! Ses mélodies obsédantes m’obligeait à écouter des textes plus noirs tu meurs, les dinques et les paumés c’était (c’est toujours) limite hypnotique.
Je l’ai vu en concert et là j’ai définitivement craqué. Je ne connaissais pas le quart de la moitié des chansons mais j’avais l’impression de recevoir sa voix et sa musique en perfusion.
C’est un concert où je n’ai pratiquement pas bougé, complètement à l’ouest. J’ai vu pas mal de concerts de lui depuis et c’est récurrent. A part les moments mystico-nostalgique où tout le monde chante, je ne bouge pas, je suis quelquepart dans l’astral 
tout-corps.jpg j’ai donc commencé à collectionner ses disques,  les trois premiers plus folk voire carrément folkloriques (sa variation sur les filles de la Rochelles c’est quand même spécial ) qui se teinte de blues dans l’album Autorisation de délirer pour carrément virer rock limite psychédelic dans sa période faste Soleil cherche futur, Dernières balises avant mutation  , Alambic sortie sud et Meteo für nada, ceux que j’ai le plus écoutés.
Je ne vais pas vous citer les 14 albums, de toute façon, je ne saurais pas qualifier les changements perceptibles dans le son de ses albums, mais l’inspiration reste noire, décalée, dérangeante, parfois drôle, quasi cyberpunk et la musique suit, noire elle aussi, toujours à base rock, sa voix aussi obsédante. derni--res-balises.jpg
Une obsession qui se passe de bouche de maniaque à oreille de disciple. A Montréal une année, il y avait un concert gratuit dans une école excentrée (un truc incroyable). Cela faisait déjà un bout de temps que je bassinais tout le monde avec mon éternel HFT que personne ne connaissait. Alors certes l’assistance était réduite, 200 personnes peut être, mais j’ai pu vérifier que j’avais fait du bon boulot question relation publique… je connaissais les trois-quart de la salle.
Plus tard, en emménageant avec mon Amour, j’ai découvert que nous aurions désormais tous les vinyles du trublion en double (et même triple suite à des récupérations sauvages), depuis on s’est racheté presque tous les CD, parce qu’en vinyle quand même ! Mais cela nous est arrivé de les ressortir pour faire écouter des chansons particulièrement schpricht aux enfant (la cancoillote !).
scandale.jpeg Bon j’en termine avec les albums que j’écoute le plus ces derniers temps (ça change régulièrement), Scandale mélancolique le dernier, Chroniques bluesymentales, certainement pas le meilleur album mais je l’aime bien, et l’album live de Bercy, concert donné en 1998 pour ses 30 ans de carrière. Même qu’on m’entend sur ce dernier. D’accord je n’étais pas toute seule à chanter, d’ailleurs je n’étais doublement pas seule car mon Titou encore incorporé y était avec moi, Thiefaine d
ès le stade foetale, ça c’est de l’éducation !

Et pour clore ce désastre, je crois que c’est Ferré qui parle le mieux de HFT alors cédons la place :

Il vint alors, Hubert-Félix, débordant de tendresse, parlant, chantant et donnant au verbe une pathétique présence : c’était un oiseau vainqueur, les cigales sous les ailes, la musique se révélant soudain comme l’inédit de la folie, quand la folie devient maîtresse et que plus rien ne l’arrête.

Le voilà, Hubert-Félix, le silence en bandoulière et Leonardo dans les mirettes. Dans la salle pleuraient les loups déchaînés. Les louves tendaient les bras vers ce lac de lumière où la musique se teint en rouge avant de disparaître. Les mots d’Hubert-Félix emportent tout vers l’inconnu, vers la tendresse aussi, quand la tendresse lui prend la main.

A tout de suite, Hubert !

Léo Ferré

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