Le journal de Yaël Koppman

Yaël Koppman est une jeune économiste, maître de conférece en faculté et somme toute plutôt solitaire… Son éditrice de cousine lui propose un jour d’écrire de la chick lit, genre qui, dit-elle perfidement, lui conviendrait parfaitement. La chick lit, c’est cette fameuse littérature “de poulettes” si “tendance” depuis le succès du “journal de Bridget Jones”… A la fois surprise et vexée par cette proposition qui lui renvoie une image peu satisfaisante d’elle-même, Yaël se laisse peu à peu séduire par l’idée d’écrire l’histoire d’une jeune femme mais pas n’importe laquelle. Etant une admiratrice inconditionnelle en économie de John M. Keynes et en littérature de Virginia Woolf, elle décide de creuser l’histoire d’Anjelica Garnett, filleule du premier, qui fut aussi l’amant de son père, nièce de la seconde, fille des peintres Virginia Bell et Duncan Grant, épouse plus tard d’un autre peintre qui, au moment de sa naissance, vivait une histoire d’amour aussi triangulaire de complexe avec ses propres parents… à la grande époque du groupe de Bloomsbury.
En creusant l’histoire de cette enfant élevée par des esprits aussi brillants que libres mais entretenant des relations pour le moins fluctuantes, Yaël se voit sans cesse renvoyée à sa propre image d’enfant des années soixante-dix, privée de repères stables, ballotée de communautés en communautée, éternellement en rivalité avec une mère qu’elle n’arrive pas à comprendre.
Un roman réjouissant qui détourne avec bonheur tous les codes littéraires de la chick lit, depuis les tourments sentimentaux convenus jusqu’à l’obsession de la balance, en passant par l’égocentrisme consternant de la narratrice, pour en faire une sorte d’exploration littéraire doublée d’une analyse parallèle des réactions de deux jeune femme face au choix de vie de leur mère.
Le procédé du journal intime donne au récit une fluidité allègre, les références littéraires et culturelles donnent de l’intérêt et de la profondeur, le miroir psychologique permet à l’émotion de montrer le bout de son nez : un très joli roman qui donne irrésistiblement envie de se plonger dans la complexité des vies tumultueuses du groupe de Bloomsbury…

L’avis de Florinette, choupinette, Lou, et Marianne

Le journal de Yael Koppman – Marianne Rubinstein – Sabine Wespierer – 2007

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