Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et, dès lors, je me suis baigné dans le poème
De la mer infusé d’astres et lactescent,
Dévorant les azurs verts où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que vos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes,
Et les ressacs, et les courants ; je sais le soir,
L’aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !
J’ai vu le soleil bas taché d’horreurs mystiques
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques,
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baisers montant aux yeux des mers avec lenteur,
La circulation des sèves inouïes
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
Le bateau ivre (extrait) – Arthur Rimbaud – 1871
Il a arrété d’écrire à 20 ans et il a fait des tas de chose après : trafiquant d’armes en Ethiopie notamment 🙂 et tu as raison j’aime beaucoup !!!
J’adore Rimbaud: le bateau ivre, le dormeur du val, au cabaret vert,…
A bientôt 🙂
moi aussi, moi aussi !!! 😉
coucou yue yin !
tu dois bien aimer Arthur Rimbaud non ? j’ai l’impression. Notre prof de français nous a dit que il avait écrit tout ses poèmes quand il était jeune et quand il avait fini "d’explorer" l’univers de la poésie, il avait décider de tester d’autres choses, et je crois me rappeler qu’il a été braconier…^^
bisous