Pastorale américaine

La première impression quand on commence Pastorale américaine c’est un foisonnement qui part dans tous les sens. Et puis on se rend compte qu’on est accroché, qu’il y a un chemin à parcourir où chaque étape a une raison d’être et une signification. Il parait que c’est normal pour un roman de Roth mais voilà, c’est mon premier, je découvre.

Ce livre se présente donc comme un enchevêtrement de récits à posteriori. Les protagonistes ont vécu et sont en quelques sortes restés à une époque qui est de l’histoire pour nous : l’Amérique des année quarante à la fin des années soixante – les trente glorieuses ! le tout formant quelque chose comme l’histoire d’une famille mais peut être pas une famille en particulier… Juste une famille, quelque chose de volontairement banal, le plus banalement américain possible. Ici est mise en scène la très grande aspiration à l’intégration, au mythique « melting pot » d’une Amérique sanglée dans les communautarismes.

C’est l’histoire d’un naufrage, celui de cette famille, de toutes les familles ou de l’idée qu’elles se font d’elles-mêmes. C’est l’histoire d’un fantasme vécu. Tous les désirs conscients, toutes les aspirations du personnage central ont été exaucés. Puis, il y eu un matin. Et petit à petit sa vie a perdu toute réalité. Il croyait avoir fondé la famille américaine idéale dans la maison américaine idéale. Être le patron idéal d’une usine idéale ! Et il se retrouve seul comme il l’a toujours été, simplement il le sait !

On le plaindrait presque cet homme qui s’accroche à ses souvenirs pour se dire que non, il n’a pas rêvé, que tout cela ne pouvait pas être faux, que tout était vraiment comme il le voyait, que ce sont les autres qui sont aveugles, qui ont oublié, qui se trompent enfin. Ils ne peuvent pas, ils n’ont pas le droit de nier la merveilleuse existence qu’ils ont partagé !

Les ruines en flamme du rêve américain voilà ce que nous offre Philip Roth ! Une gravure sur acier poli à l’acide sulfurique.

Et le pire de tout, c’est que par le jeux de la construction du récit, on sait depuis le début du roman qu’il a recommencé. En homme qui a perdu la foi mais s’agenouille pour prier qu’elle revienne ! Alors que tout était brisé, détruit, ruiné jusqu’à l’essence même, il a tout remonté, quasi à l’identique, une famille américaine modèle, banale jusqu’à l’écœurement… en apparence !

 

Pastorale américaine – Philip Roth – Gallimard – 1997 – traduit par Josée Kamoun

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18 réponses à Pastorale américaine

  1. loupiote dit :

    Je te l’ai déjà dis sur le forum des chats, mais j’aime beaucoup ta critique.

  2. Florinette dit :

    Je n’ai lu aucun livre de cet auteur, mais celui-ci me tente bien ! 😉

  3. C. Sauvage dit :

    Cette Pastorale est sans doute un des plus grands livres de Roth. Il ouvre un e trilogie magnifique qui se pousuit avec J’ai épousé un communiste (si je ne me trompe pas de titre) et l’autre grand livre: La tâche. Depuis Roth n’a pas retrouvé le même souffle mais il va abandonner Nathan Zuckerman, son double, et, on l’espère tous retrouver une nouvelle jeunesse. Car Roth à  74 ans, reste un maître plein de malice et d’intelligence

  4. Anne dit :

    Je n’ai rien lu de P.Roth: celui-là me semblerait plutôt bien pour un premier contact…

  5. Sophie dit :

    Une libraire me l’avait conseillé, je l’ai achet émais toujours pas lu; et pourtant il me tente. Ca va venir!

  6. Nina dit :

    Je n’ai pas lu ce roman mais j’ai lu "la tache" que j’ai trouvé excellent très dense avec beaucoup de personnages torturés et un regard très noir sur les gens qui bossent universités américaines !!! J’ai lu aussi "la bête qui meurt " que j’ai beaucoup moins aimé.

  7. Killroy dit :

    Coucou ! Oui mais du coup on sait pas pas trop si tu as aimé beaucoup, énormément, passionnément, etc… 😉

    Bizzz et Bon WE !

  8. I'll be back dit :

    Hé, il manque le passage où t’aimes pas passer après moi ! 🙂

  9. Killroy dit :

    Merci m’dame ! 🙂 Voilà comme ça je sais que je dois rajouter dans ma wishlist… 😉

    Bizzz & bonne journée !

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