Dans Kilburn au nord ouest de Londres, quartier “caribéen”*, pauvre, lépreux, dangereux aussi, quatre destins se croisent. Nathalie et Leah sont des amies d’enfance aux trajectoires quelque peu disjointes, Nathan s’est perdu, Felix passe dans la rue. Habitent-ils ce quartier ou ce quartier les habite-t-il ? Peut-on changer, quitter un tel endroit quand on y a grandi, partir enfin ? Quelles sont ces fibres qui ligotent les personnages à leur passé, les entrainant toujours plus loin dans le déni, la déchéance ou le mensonge des apparences. Nathalie – la jamaïcaine – a réussi, riche avocate, heureusement mariée, mère comblée, sa vie est parfaite. Sa meilleure amie Leah – la rousse -, s’est moins bien débrouillée mais vit un mariage fusionnel qui semble la combler. Régulièrement, elles se retrouvent avec leur mari respectif, dans la belle maison de Nathalie juste à quelques rues et des années lumières de Cadwell – cité de leur enfance. Mais dans l’ombre de cette amitié indéfectible, flottent les non-dits et les frustrations de toute une vie…
Lire un roman choral est toujours déroutant au départ et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Le récit s’éparpille, les personnage s’effleurent, les techniques narratives se succèdent, courant de conscience, dialogues, flash back, première ou troisième personne, c’est agaçant enfin, presque urticant mais impossible d’arrêter. La puissance de l’écriture un peu rapeuse, souvent sordide soudain lyrique nous aspire dans un Londres ignoré, lézardé, poisseux où l’avenir s’écartèle entre espoir bling bling et passivité agressive sur fond de désenchantement, quand les rêves accomplis n’étaient pas les bons, quand à la question désespérée de Leah – Pourquoi eux, pourquoi nous ? la réponse immuable de Nathalie – parce que nous avons travaillé plus dur, parce que nous nous sommes accrochés – résonne comme le plus vain, le plus dérisoire, des mentras. Bousculant !
Ceux du nord ouest – Zadie Smith – 2014 – traduit de l’anglais par Emmanuelle et philippe Aronso – Gallimard
PS : l’adjectif français correct serait caraïbe mais je ne sais pas, ça ne va pas ici…
Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine…
Jamais lu Zadie Smith mais je commencerais bien avec celui-là.
Il parait que c’est l’anglaise “qui monte” 🙂 c’est puissant mais particuliers, ça rappelle plus l’angleterre de Hanif Kureishi que celle de Henri James 😉
Encore un roman chorale ? C’est très à la mode en ce moment.
Choral certainement mais plus encore, je crois qu’on peut le considérer comme limite expérimental avec ses changement de type de narration…
ça ne me tente aps plus que ça.
C’est une angleterre particulière, et il y a tant à lire… mieux vaut aller vers ce qui nous plait 🙂
Bon, bon, bon… je n’ai jamais lu Zadie Smith. Je pense que je devrais, hein!