Rien encore ! – Et vainement ai-je feuilleté pendant
trois jours et trois nuits, aux blafardes lueurs
de la lampe, les livres hermétiques de Raymond-Lulle !
Non rien, si ce n’est avec le sifflement de la cornue
étincelante, les rires moqueurs d’un salamandre qui se
fait un jeu de troubler mes méditations.
Tantôt il attache un pétard à un poil de ma barbe,
tantôt il me décoche de son arbalète un trait de feu
dans mon manteau.
Ou bien fourbit-il son armure, c’est alors la cendre
du fourneau qu’il soude sur les pages de mon formulaire
et sur l’encre de mon écritoire.
Et la cornue, toujours plus étincelante, siffle le
même air que le diable, quand Saint Eloy lui tenailla
le nez dans sa forge.
Mais rien encore ! – Et pendant trois autres jours et
trois autres nuits, je feuilletterai, aux blafardes
lueurs de la lampe, les livres hermétiques de
Raymond-Lulle !
Aloysius Bertrand – Gaspard de la nuit – 1842
?? Voilà pourquoi certaines poésies me laissent perplexes. je ne comprends pas. Et puis salamandre au masculin, serait-ce le mâle de la petite bête des cheminées.
Le Papou
Bah il/elle a peut être changé de see au cours des âges… moins j’aime la première strophe, j’imagine tout à fait le lecteur des petites heures que la fatigue entraine dans une rêverie brumeuse 🙂
Si on va par là, allons-y ! les salamandres ne rient pas.
Et la licence poétique ?
voilà… licence poétique j’écris ton nom !!!