Une boule de verre dans la boîte aux lettre… Depuis toujours, c’est ainsi que Curtil annonce ses retours, et depuis toujours, pour ses enfants c’est le signe de l’attente du père. Alors Carole fait ses valises et retourne au Val où elle a grandi, au Val que son frère et sa soeur n’ont jamais quitté et où ils attendent eux-aussi, armés de leur boule à touriste pleine de cristaux de neige artificielle tombant sur des décors naïfs.
Voir son père, le retrouver et rentrer, l’affaire de quelques jours dont elle profitera pour avancer un peu sa traduction de la vie de Christo – celui qui voile les choses pour mieux les révéler, c’est ce que pense Carole. Seulement, Curtil n’est pas encore là quand elle arrive, et l’attente s’installe…
Je n’avais jamais lu Claudie Gallay. On s’en moque me direz-vous et vous aurez bien raison mais cela a son importance car cette lecture me fut un choc esthétique. Le style de cette auteure est bien étrange. Au premier abord, il agace. Il gratte, il démange, accroche l’oeil et puis sans qu’on sache bien pourquoi, on se retrouve installée dans cette histoire, dans cette attente, faite de gestes quotidiens décrits aussi minutieusement aussi sobrement aussi banalement que la nature sauvage qui se referme sur ce village de montagne. Quel est donc l’adjectif qui signifie exactement l’inverse de lyrique ? Certainement pas simple en vérité. Quelque chose comme âpre peut être ou cru ou austère mais avec un côté plus sensuel que désagréable dans le rugueux – oui je m’égare dans le lyrisme justement, abus d’adjectif, vous me ferez vingt lignes – car, quand tout est dit, une fois dedans, on ne veut plus que cela s’arrête. Les personnages vous deviennent aussi proches que votre propre famille, la nostalgie vous écorche, la neige vous brûle et dans ce temps qui s’étire, chacun a le loisir de méditer sur les relations qui se tissent entre nous et les autres, entre frères et soeurs, entre amis d’enfance, entre mère et fille, entre femme et homme, entre homme et chien… Une découverte !
Une part de ciel – Claudie Gallay – Actes Sud – 2013
PS: Coup de coeur (au cas où ce ne serait pas clairement clair)
PPS: Le soir même, une adaptationdes Déferlantes passait à la télé, j’ai aimé…
PPPS: je suis en train de lire les Déferlantes…
PPPPS: Qu’a-t-elle écrit d’autre, il me faut des munitions…
PPPPPS: LCA (Lectrice compulsive anonyme) bonjour j’m’appelle Yue, quinze minutes sans toucher un livre, vous aimez Claudie Gallay ?
Lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister.
Ben tu sais quoi, jamais lu Claudie Gallay non plus !!! Tu donnes sacrément envie vilaine !! (et j’ai Les déferlantes dans ma PAL…)
Ah c’est quitte ou double si j’ai bien compris, soit la magie opère et tu es ravie genre moi, soit tu t’ennuies grave 🙂
Han j’aurais bien aimé que ça me fasse comme toi, l’effet a l’air puissant, super billet ! Mais pas de chance, je ne suis jamais entrée dans Les déferlantes malgré plusieurs essais, la dame me refuse son accès 🙂
Quand le style bloque, tout bloque… d’après ce que je lis des déferlantes, si tu n’as pas pu, inutile de tenter Une part de ciel – l’histoire n’a rien à voir mais le style prime, aussi haché, concret et rugueux dans l’un que dans l’autre… un genre de magie inexplicable… ça passe ou pas 🙂
je te donne le titre de mes deux préférés (dans l’ordre) : “seule Venise” et “dans l’or du temps”. J’ai moins aimé Les déferlantes, j’ai trouvé l’histoire peu crédible, par contre la description de la Hague est formidable.
Je note, je note… je lis les déferlantes et pour l’instant ça me plait donc il y a des chances que je continue 🙂
Moi aussi c’était mon premier Claudie Gallay et moi aussi j’ai beaucuop aimé. Comme tu dis, on se retrouve installée avec plaisir dans cette histoire malgré le style très descriptif et tout sauf lyrique. Il y a quelque chose de magique là-dedans.
Oui il faut être sensible à cette magie parce que je comprends très bien que certains lecteurs restent extérieurs… à vrai dire ce me serait plus facile d’expliquer pourquoi certains n’aiment pas que pourquoi j’aime 🙂
Crois-tu que Le Papou va aimer ? En tout cas j’ai aimé ton billet, le talent ma fille te sort par le bout de tes doigts sur les touches du clavier. Je comprends pourquoi tu écris un billet sur 10 lectures et encore.
Le Papou
c’estgentil ça mon papou 🙂 et je ne sais pas si ça te plairait… le style est particulier et il ne se passe pas ggrnad chose… typiquement un roman d’ambiance 🙂 à essayer avec modération, genre prêt ou biblio 🙂
I te FAUT maintenant lire Les déferlantes. A mon avis, son meilleur.
Je suis dedans Alex 🙂
J’ai préféré celui là aux déferlantes. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère.
Je vous dirai ça bientôt 🙂
Que d’éloges, je vais peut-être finir par me laisser tenter!
J’espère qu’il te plaira… c’est particulier mais j’ai beaucoup aimé 🙂
Bon, je reviens enfin lire ton billet à présent que j’ai tourné la dernière page. Pour ma part je me suis retrouvée à l’opposé de ton ressenti et je suis amèrement déçue par ce roman alors que j’avais énormément aimé Les déferlantes.
Ah tiens et pourquoi donc… je viens de finir les déferfantes que j’ai bien aimé maiq je crois que je préfère celui-ci quand même que je trouve plus abouti dans la catégorie évolution intérieure 🙂
Très beau billet ! Je te conseille de Claudie Gallay “Seule Venise” . J’ai beaucoup aimé !
C’est noté… et je crois que tu peux compter sur moi pour le lire 🙂
Je ne fais que noté depuis quelques temps l’enthousiasme des lecteurs. Et comme il se pourrait que je le lise un jour prochain je tiens à conserver la découverte le plus intacte possible. Je n’ai donc noté que entousiasme.
c’est déjà ça 🙂
je vais le lire, c’est sûr !
Spécial mais j’ai vraiment aimé 🙂
Je n’ai pas eu les démangeaisons dont tu parles car je fréquente le style Gallay depuis longtemps et je crois que tant qu’elle écrira des romans de cette trempe je continuerai à la lire et à l’aimer. Je retrouve très bien ma lecture dans ton billet!
Depuis j’ai lu les déferlantes, que j’ai beaucoup aimé, et je ne compte pas m’arêter en si bon chemin avec cette auteure 🙂