Harry White a apparemment tout pour être heureux, des parents aimants, des amis, un bon travail ou il réussit parfaitement, bientôt une femme parfaite. Pourtant Harry ne reste jamais heureux longtemps car quelquechose le ronge de l’intérieur. Sans cesse il doit chercher de nouvelles façon de juguler cette soif incompréhensible de transgression qui le rend physiquement malade, l’empêche de penser, le poussant toujours plus loin à la recherche d’un apaisement toujours plus éphémère. Souvent il croit trouver la solution à son mal être pour replonger toujours plus profondément, tentant de plus en plus difficilement de sauvegarder les apparences…
Selby est un auteur dérangeant, j’avais lu Last exit to Brooklyn quand j’étais adolescente et j’ai retrouvé le même malaise dans ce roman, ce même côté malsain des personnages. De multiples thèmes se superposent ici, une peinture au vitriol de l’american way of life, parfaite et lisse en surface mais potentiellement gangrenée jusqu’à la moelle, une description sordide des rapports homme femme, des obsessions sexuelles et religieuses sous jacentes et par dessus tout, une description “de l’intérieur” presque clinique d’une addiction, dépendance à la peur et à l’adrénaline ici mais qui s’inspire très certainement de celle que l’auteur a connu lui-même pour d’autres substances. A moins que ces descriptions n’aient représenté une sorte de thérapie pour lui. Les périodes de tension, de satisfaction, de descente et de manque sont décrites de façon aussi physique que psychologique et sont par la même profondément dérangeantes à la limite du dégoût ou d’ailleurs largement au-delà. Il y a une puissance dans l’écriture et les personnages de Selby qui accroche, fascine et hante l’esprit du lecteur mais ne laisse pas indemne. Tourmenté !
Le démon – Hubert Selby Jr. – 1976 – Traduit de l’anglais (américain) par Marc Gibot – 10/18
Juste connu de réputation, mais terriblement tentant pour essayer de comprendre la société américaine et ses maux ! Ferait-il un peu penser à “American psycho” de Bret Easton Ellis ?! Dans tous les cas, je retiens et je prends, comme Ys …
Les maux de la société qui engendre les maux de l’esprit car on entre ici dans un esprit véritablement malade 🙂 Je n’ai pas lu BEE j’ai trop peur de me faire du mal 🙂
Pas pour moi en ce moment, je suis plutôt zen et ado, si je peux être les 2 en même temps.
Pas de torture, suis assez torturé physiquement ces jours-ci.
oui ce n’est pas le genre de lecture qui remonte le moral c’est bien certain 🙂
J’aime beaucoup cet auteur. Last exit to Brooklyn m’avait particulièrement marquée.
Oui une lecture marquante pour moi aussi, last exit… quoique pas forcément agréable sur le moment 🙂
sordide, tourmenté. Ouais. Je passe…
ah bah y’a des moments pour tout Choup’ 🙂
J’ai toujours eu un peu peur de me lancer dans un livre de cet auteur … je crains de ne pas trop accrocher au côté “addiction” ! Mais sinon, le fait de décortiquer la société américaine et la montrer sous des côtés peu habituels semble intéressant malgré tout !
Disons qu’il faut avoir le coeur bien accroché pour se lancer 🙂
Il est dans ma PAL, justement pour tous les qualificatifs que tu lui donnes ! J’attends de voir ça !
j’attends de lire ton avis alors 🙂
Ah ! Le Démon, sacré bouquin c’est vrai. Ca secoue pas mal.
quelque part ton comm ne m’étonens pas Thom, je pensais bien que tu appréciais Selby :-)))
Ah bah oui, j’ai même écrit l’an passé sur les dix bonnes raisons de le lire 🙂
Ouuuups je l’ai vu cet article ? si oui j’ai oublié mais je vais aller voir (ou revoir) ça de plus près thom 🙂
Brrr, je ne sais pas si j’ai envie de me faire tourmenter en ce moment….
ah faut vouloir c’est sûr 😀
Je suis tout à fait preneuse, voilà un bout de temps que j’ai noté cet auteur. Un peu le pendant masculin de Joyce Carol Oates…
Oui maintenant que tu m’y fais penser il y a un lien entre les deux, quoique Selby me semble encore plus noir (il est vrai que je n’ai lu que deux ou trois Oates)
Je suis très attirée par ce livre car je participe ausi au challenge nécrophile et que j’aime bien quand il y a présence de psychologie dans un roman ; l’histoire et les personnages ont comme cela beaucoup plus de poids.
Ici je dirais que l’histoire même est celle de l’esprit du personnage, mais je te garantis qu’on ne s’y attache pas 🙂