Comme vous le savez peut-être, je vis une grande histoire d’amour avec les romans de Catherine Leroux (un de mes regrets du Salon du livre, c’est de l’avoir ratée, trois fois hélas), et comme son Mur mitoyen ressort ces jours-ci en France sous le titre Le Guide des âmes perdues, j’ai pensé repêcher des sombres profondeur de ce blog, le billet ébloui que ce bijou de livre m’avait inspiré en son temps…
Elles atteignent la rue et comme chaque fois, elles quittent instantanément l’univers domestique. Il n’y a pourtant pas de clôture entre la cour et l’avenue. Mais il y a cette palissade invisible qui permet d’ignorer ce qui survient de l’autre côté…
A Bathurst, Madeleine attend Edouard en parlant toute seule ; à Montréal Ariel et Marie forment un couple fusionnel dont l’union semble plus solide que le roc ; à San Francisco Carmen et Simon veillent leur mère mourante en espérant qu’elle leur parlera enfin. En filigrane, à moins que ce ne soit dans un autre temps, deux petites soeurs marchent seules, main dans la main dans une rue de Savannah, une rue qui penche, prête à basculer…
Parler d’un roman de Catherine Leroux est toujours – enfin pour la seconde fois – un défi… Comment parler de ce foisonnement, de cet éclatement, de ce motif éparpillé, qui se cache, qui interroge et puis qui apparait tout à coup – noir et brillant comme le sort ? Trois histoires distinctes, peut être quatre, huit destins, peut être plus, une narration à voix multiples qui nous entraine dans l’intimité de chacun, ses doutes, ses interrogations, ses failles… Mais bien sûr tout est lié. Oh pas vraiment, pas essentiellement mais qu’importe une fois qu’on ouvre la boite de Pandore, il est bien tard pour se demander si cela en valait la peine.
Après sa magnifique Marche en forêt, premier roman puzzle et familial, Catherine Leroux interroge et creuse la filiation, la fratrie, le lien génétique fantasmé, le double surtout, le silence aussi… Et cette fois encore c’est la construction parfaitement maitrisée du récit qui frappe dès l’abord. Impossible de savoir où l’on va, on redoute de se perdre mais quelque part dans l’ombre, une main nous guide aussi sûrement que celle d’une grande soeur bienveillante mais qui ne saurait nous protéger de tout. C’est une histoire dont il ne faut rien révéler, non qu’il soit question d’un simple suspens, mais pour le plaisir de voir les pièces s’ajuster sans bruit – un petit grincement douloureux peut être – mais inéluctablement. Cela suffirait sans doute à en faire un roman passionant mais il y a plus encore et peut être mieux. Car à cette maitrise, Catherine Leroux ajoute des personnages étonnament vrais et touchants – même quand on meurt d’envie de les secouer – et un style simplement magnifique, simple, lumineux, presque photographique parfois, précis voire prosaïque dans le détail et pourtant poétique. Une merveille que je vous conseille toute lecture cessante. Chatoyant et sombre !
Le mur mitoyen – Catherine Leroux – Alto – 2013
L’avis de Karine (qui m’a fait connaitre l’auteure, merci encore), de Suzanne (qui a aimé) et de Lou (qui a aimé lui aussi, enfin il me semble bien…)
PS : J’aurais pu vous parler aussi de l’arrière plan parfois un rien corrosif de ces histoires, un Canada futur qui ne nous fait pas honneur par exemple…
PPS :J’aurais surement dû vous parler du mur, celui qui sépare mais qui soude aussi quand il est mitoyen…
PPPS : j’aurais pu vous parler de plein d’autres thèmes que Catherine Leroux aborde au passage, juste comme ça, discrètement pour tout dire…
PPPPS : J’aurais pu vous citer la moitié du livre aussi mais vous pourriez le lire tout simplement…
Très beau billet, qui me donne très envie de découvrir cet auteur que je ne connais pas.
Bravo, l’année commence en beauté par chez toi !
la bonne nouvelle, c’est qu’il sort bientôt en France… excellent auteur à suivre 🙂
Je ne cours pas chez mon libraire (PAL oblige) mais je note dans les lectures à faire absolument cette année
voilà note, c’est une bonne idée 🙂
Bon ! C’est bientôt mon anniversaire non ?
Le Papou
voilà qui est bien dit monsieur Papou 🙂
Autre chose : Quand on clique sur la photo, on n’arrive pas à la grossir
Pour le faire, après avoir taper son URL puis modifier les dimensions pour le texte, je clique sur la photo puis sur le “lien” (le truc qui ressemble à un circuit de chemin de fer” et je colle l’URL de nouveau. Comme ça si les bigleux comme moi n’arrive pas à bien voir la photo ils peuvent avoir la photo initiale.
Bisous
Dady Papou
bien msieur, je le fais d’habitude mais là je n’ai trouvé qu’une petite photo sur le net 🙂
Oui, pas mal, de bonnes phrases…
Yueyin, c’est excellent, et tu sais que je donne rarement une appréciation sur les oeuvres, jamais sur les chroniques.
Le premier paragraphe, après la citation, c’est ce que j’aurais dû écrire.
Je n’ai pas fini…
qui a aimé lui aussi, enfin il me semble bien…
Cath et moi, c’est l’amour fou, c’est sur l’internet people. Il y a la passion, et… les longues soirées d’hiver. Entre deux moments forts… de passion… on peut faire le mur. En France, on peut commander à la Librairie du Québec à Paris (vente en ligne, site sur internet) ou bien directement au Québec (Librairie indépendante en ligne). La Poste prend quelques semaines…
Elle prépare le troisième, elle me fait lire, dans l’intimité, entre deux moments…
attention Lou quand on tombe en amour avec la plume québécoise… 🙂 et merci 🙂
Ravie, ravie, ravie que ça t’ait plu. Quel roman, n’est-ce pas!
absoluement, j’en suis ressortie retournée, bousculée enfin c’était bien quoi 🙂
Bien vu, Le Papou !
Expérience intéressante, on découvre que l’image originale est en 357 de large.
Certains maniaques, non dangereux, scannent leurs livres, parce que les images données sur la Toile sont souvent mauvaises, et ils intitulent leurs images en terminant par la largeur en pixels, c’est très amusant ; – ) … après, on ne sait pas comment on affiche l’image en moitié plus petit qu’elle n’est, l’informatique…
c’est tout une histoire l’informatique 🙂
J’ai d’abord noté le premier d el’auteure. On verra ensuite….
une petite merveille, la marche en forêt, à déguster 🙂
Bien contente que ce beau roman t’ait plume. Une sacrée plume que cette auteure.
vraiment, après la marche en forêt on pouvait légitimement se demande si elle ferait aussi fort… et bien oui 🙂
Une auteure coup de cœur pour moi aussi et très sympathique en personne! ahah
http://booki-net.blogspot.ca/2013/10/le-mur-mitoyen-catherine-leroux.html
Je la verrais bien écrire pour la télé, ce serait loin d’être ennuyant dans un téléroman tout cela!
J’avais espéré la rencontrer au salon du livre mais elle et tombé malade hélas 🙁
J’ai vraiment l’impression d’être passée à côté…
Bah tu sais Sylire, aucun livre ne plait à tout le monde (sinon c’est louche), moi j’ai adoré mais je comprends que la construction t’ait moyennement plu… c’est quand même très particuliers 🙂
J’avais beaucoup aimé L marche en forêt. Il va falloir que je replonge dans son univers.
Je dois l’avoir kekpart mais pas pour tout de suite.
Le Papou