Un Monde flamboyant

couv unmondeflamboyantHarriet Burden, Harry pour ses proches, a passé sa vie à se conformer, enfant sage, jeune fille brillante, artiste prometteuse puis épouse et mère dévouée. Toujours elle s’est tue, absorbant livres et connaissances, contenant pensées, objections et aspirations. Jusqu’à la mort de son mari – célèbre marchand d’art – et que tout explose en elle, jaillissant dans toutes les directions, éclaboussant ses proches, tel un geyser fait de créativité exacerbée, de théories trop longtemps bridées, de frustrations, de colère aussi mais une colère focalisée, ciblée, maitrisée – du moins jusqu’à un certain point – et exprimée surtout, exprimée à travers un projet artistique dérangeant et risqué, un jeu de masques et de rôles qui l’entrainera peut être trop loin et qui, des années après sa mort, troublera encore tant ses proches que le monde de l’art…
Cet étincelant roman se présente comme une recherche universitaire autour de cette flamboyante Harry – artiste aussi impressionnante que complexe, morte depuis plusieurs années. Mêlant articles critiques, témoignages variés, carnets et journaux intimes de la morte, l’ensemble est construit comme un puzzle foisonnant et érudit, brassant avec virtuosité théories philosophiques et histoire de la pensée, neurosciences et psychiatrie, sociologie du genre et revendications féministes, autour de personnages complexes et admirablement campés. Siri Hustvedt a su varier avec brio les points de vue et les discours pour composer une vibrante histoire humaine avec en contrepoint une remarquable réflexion sur les mécanismes de la création et de la perception… c’est fou, c’est multiple, c’est émouvant, ardu parfois, troublant souvent, passionnant toujours. Une lecture qui se mérite mais porte en elle sa récompense. Flamboyant !
Un Monde flamboyant – Siri Hustvedt – Traduit de l’américain par Christine Le Boeuf – Acte sud – 2014
PS : The Blazing World – le titre original – est un hommage à l’héroïne préférée de Harry, Margareth Cavendish duchesse de Newcastle upon Tyne, écrivaine, essayiste, scientifique de génie qui publia en 1666 sous ce titre, une utopie considérée comme un des tout premiers romans de science-fiction.
PPS : Il me semble que j’aurais dû parler de bien des choses encore, de l’admirable réflexion sur les abimes piégeux de la mémoire, sur les renoncements imposés par l’âge et la maladie, mais aussi de ceux liés la maternité – des aspect qui m’ont touchée plus que je ne saurais le dire… mais vous verrez par vous même !
Lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisé par PriceMinister.
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22 réponses à Un Monde flamboyant

  1. jerome dit :

    Sans doute trop ardu pour moi tout cela. Me connaissant, je risque de décrocher assez vite. Mais j’adore ton enthousiasme !

  2. Je suis dedans, ce roman est fabuleux !

  3. Complexe, ça va. Revendications féministes, je me conforme, dans la souffrance. Je le commande.

    • yueyin dit :

      J’espère qu’il te plaira Lou, il y a tout ce que tu aimes 🙂 de l’érudition, de l’intelligence et une auteure charmante 🙂 (pour le eprsonnage principal je ne sais pas, tu me diras 🙂 )

  4. Suzanne dit :

    Ô que ça m’intéresse. Je note avec intérêt.

  5. papillon dit :

    Un roman qui porte bien son titre, en effet ! Il mérite qu’on fasse un effort pour entrer dedans tant il est enrichissant et complexe et intelligent et interpelant.

  6. Julie dit :

    J’hésite, peut-être un brin trop intello d’après ta description 😉

  7. Le Papou dit :

    Ouch ! Je sors de Ap. J.-C. de Vassilis Alexakis où je me suis senti le béotien de service entre les présocratiques, la communauté du mont Athos, L’auteur disait-il joue des références érudites avec humour. (j’ai du mal avec mon billet) J’avais noté le bouquin de Mme Hustvedt, je vais attendre un peu.
    Le Papou

  8. keisha dit :

    J’ai hésité, alors bine sûr ce roman a disparu des présentoirs. Mais attendre n’est pas un problème. Que de billlets enthousiastes!

  9. Une lecture qui se mérite ? Il faut être accroché, alors ?

  10. Karine:) dit :

    Bon, bon, bon… le pire, c’Est que tu me donnes envie. Mais que j’ai envie de le lire en VF… c’est tout dire l’état de mon cerveau ces temps-ci!

  11. sylire dit :

    J’avais beaucoup aimé de l’auteur “un été sans les hommes”. Je compte bien poursuivre avec l’auteure.

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