Sur Gethen, un monde de glace, rude, isolé hors les limites de l’Ekumen et n’ayant jamais seulement imaginé qu’on puisse voyager dans les airs sans parler de s’aventurer dans l’espace, point d’hommes ni de femmes mais seulement des êtres humains. Êtres indifférenciés la plupart du temps mais pouvant choisir l’un ou l’autre sexe tour à tour dans leurs périodes de Kemma. Pour Genly Ai, mobile de l’Ekumen, envoyé pour établir le premier contact avec Gethen, ou Nivôse pour le reste de l’univers connu, les dangers inhérents à un premier contact se doublent donc de réelles difficultés à envisager les tenants, aboutissants et conséquences d’une telle évolution biologique, psychologique et sociale, sans précédents dans l’histoire de l’expansion humaine. Seul une amitié improbable pourrait lui permettre de transcender ses difficultés et de peut être enfin commencer à comprendre, mais comment une telle amitié pourrait-elle s’établir entre un gethenien et celui que tous considèrent au mieux comme un affabulateur, au pire comme un provocateur et de toute façon comme un un répugnant déviant sexuel…
La main gauche de la nuit – prix Nebula 1969 et Hugo 1970 – est un roman étonnant, un space opera à la fois politique et contemplatif, un peu descriptif et lent mais pourtant fertile en péripéties, d’une précision toute ethnographique le plus souvent et soudain basculant dans poésie aussi âpre et sauvage que le paysage glacial de Nivôse, alternant les récits de Genly le terrien et d’Estraven le gethenien, entrecoupés de contes et légendes, le tout forme un surprenant hymne à la tolérance et l’humanisme d’une modernité et d’une profondeur que ne surpasse que la finesse de ses portraits psychologiques. Impressionnant !
La main gauche de la nuit – Ursula K. Le Guinn – 1969 – Traduit de l’anglais par Jean Bailhache – Robert Laffont – Ailleurs et demain 1971
PS : Le cycle de L’Ekumen ou cycle de Hain (Hainish cycle) est en fait un non-cycle (selon l’auteure elle-même) ou disons un cycle potentiel de space opera contenant plusieurs romans et nouvelles sans continuité ni réels liens si ce n’est la présence de l’Ekumen – vaste organisation culturelle et commerciale galactique, celle de certaines technologies et un arrière plan historique plutôt évanescent. L’ensemble a collectionné les prix…
Connais pas…Mais, ça à l’air intéressant.
le Papou
Oui ça pourrait te plaire, une ethnographie virtuelle et plus encore 🙂
Que de prix pour cette série.
Ursula est devenue un classique de la SF 🙂
La théorie du genre, mise à nu par ses célibataires, même… Tant que c’est de la fiction…
Oui voilà, faut le voir comme une fiction hein 😀
Un des meilleurs livres de SF que je connaisse 🙂
Une très belle histoire d’amitié et de tolérance.
Cela me fait un peu penser aux aventures de David Balfour de Stevenson qui raconte aussi une amitié improbable et une longue marche à pied à travers la montagne 😉
Ah mais je ne l’ai pas lu celui-là, alors que j’aime Stevenson d’amour, va falloir que je me penche sur la question 🙂
“un space opera à la fois politique et contemplatif, un peu descriptif et lent” : tu m’as perdu, là, désolé 😉
hé mais j’ai ajouté plein de péripétie, l’ambiance est étrange mais c’est très bien écrit et très prenant :-p
Heureusement que mon blog est là pour me rappeler que j’ai lu ce livre : je n’en garde absolument aucun souvenir… faut dire que c’était il y a dix ans…
Cela m’arrive souvent hélaaaas – on doit trop lire, celui-là je ne savais plus mais après lecture, je ne crois pas… Cela dit je l’aurais probablement moins apprécié il y a 20 🙂