En 1932, un jeune allemand, Werner Heisenberg, obtient le prix Nobel pour avoir inventé – si l’on ose ainsi dire – la physique quantique et le principe d’incertitude. Soixante ans plus tard, un apprenti philosophe raté, s’interroge sur les choix de vie du physicien dans l’horreur de la première moitié du XXe siècle.
Dans un long monologue qui tient à la fois de l’épître et de la méditation, Jérôme Ferrari réussit une étonnante mise en abime de l’homme destructeur s’opposant à la beauté du monde. A travers sa vision de Heisenberg et de ses choix discutables, il lie intimement deux périodes de dévastation – l’une ravagée par la guerre, l’autre par la finance, toutes deux par la folie des hommes et les péchés de la science, la physique qui mènera les hommes à Hiroshima et les mathématiques mises au service d’un capitalisme sauvage ; deux ères de désolation et de chaos et sans cesse la question fondamentale de l’importance des choses : la mort et l’argent, le pouvoir et la connaissance ou plus simplement la grâce oubliée, négligée, défigurée peut-être d’une musique ou d’un paysage ! Dans une langue dense, un style d’une élégance et d’une concision extrême, l’auteur nous aspire dans un maelstrom de réflexion et d’interrogations sur ces choses qui comptent vraiment, la force, la vérité ou la beauté qui sait. Sublime !
Car “il existe un second mouvement, plus secret, plus profond. A la monotonie du chaos, il oppose seulement la calme persistance de son déploiement imperceptible, qui suffit peut-être pour que ne soit pas abandonné aux seuls adorateurs de la mort le soin de décider ce qu’est la vérité.”
Le principe – Jerôme Ferrari – 2015 – Acte sud
Il est des auteurs comme ça capables de nous faire lire des textes sur des sujets a priori improbables ou en dehors de nos intérêts immédiats (la physique ! pfff !). Je me souviens, dans le même registre, du roman de Jorge Volpi “A la recherche de Klingsor” qui traite lui aussi de l’attitude des scientifiques allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il m’avait beaucoup intéressée, c’est pourquoi je note ton avis très enthousiaste sur ce roman de Jérôme Ferrari que je n’ai jamais lu.
Ah mais tout à fait, la physique, c’est tout sauf ma tasse de thé et au début je me suis posé des questions mais l’écriture nous emporte vers les questions essentielles 🙂 c’est une expérience vraiment 🙂
Encore un avis des plus enthousiastes sur ce livre, qui aborde pourtant un sujet bien aride et qui n’est pas non plus ma tasse de thé… Mais c’est unanime, nul n’est besoin d’aimer la physique pour aimer ce texte !
Le sujet n’est pas la physique tu sais plutôt la faon dont on peut voir le monde 🙂
On trouve la clef de l’énigme dès les premières pages.
Pour un état | \psi \rangle donné, on a :
\langle \psi |\sigma_A \ \cdot \ \sigma_B|\psi\rangle \ge \frac{\langle \psi | \hat{C} | \psi\rangle}{2}
Evidemment, la valeur moyenne du commutateur \langle \psi | \hat{C} | \psi\rangle dépend de l’état |\psi \rangle choisi.
Élémentaire.
Lou je dois dire que tu es encore plus cryptique que d’habitude mais bon ces hiéroglyphes là n’étaient pas ma tasse de thé déjà au lycée 🙂
L’autre jour il a expliqué un truc à la Grande Librairie, et je n’ai rien compris. Donc je crois qu’il vaut mieux que je passe !
mouhahaha je ne sais pas je ne l’ai aps entendu mais son livre est très compréhensible… et très beau 🙂
S’il y a Jérôme F et de la physique, je veux (en commande ? à la bibli)
go go go, je conseille, je n’avais jamais lu Jérôme Ferrari mais une écriture pareille vaut que je continue l’exploration 🙂
Bizarrement, je sens que je vais le lire bientôt!
Quand il faut, il faut 🙂
J’ai juste envie de retenir le mot “sublime”. C’est un terme qui colle parfaitement à l’écriture de Ferrari, je crois que c’est mon auteur français actuel préféré.
Je ne l’avais encore jamais lu mais là maintenant j’ai bien envie de tester ce sermon sur la chute de rome qui ne m’avait guère tenté à sa sortie 🙂
Il m’attend dans ma PAL. De lui, j’avais beaucoup aimé “Là où j’ai laissé mon âme”.
J’espère que tu aimeras aussi celui-ci 🙂
Je n’en entends que du bien et la langue a l’air absolument sublime.
Elle l’est, je pense que c’est une des choses qui retient tous les lecteurs 🙂
Je n’aurais pas parié une cacahuète sur mon envie de lire ce livre un jour… Je suis tout doucement en train de changer d’avis…!
Laisse toi tenter Noukette, aie confiaaaaaance 🙂