
Will possède une petite entreprise de photographie à Medicine River en Alberta, à deux pas de la réserve d’où vient sa famille maternelle et où il n’a pas le droit de vivre, lui le fils d’un blanc qu’il n’a pas connu. Homme tranquille, ennemi de toute complication, Will peine à dire non, en particulier à son meilleur ami auto proclamé Harlen Bigbear, qui lui a toute sorte de projets et d’idées plus ou moins compliquées, destinées à améliorer la vie de tout un chacun et en particuliers celle de Will, qu’il verrait bien casé et en puissance de famille. Will qui pourtant n’en demande pas tant…
Medicine river est un roman profondément attachant, à la fois chronique de vies en marge aux lisières d’une réserve – que l’on découvre Blackfoot* au détour d’une page, j’ai mis un temps infini à la trouver sur une carte, que voulez-vous je suis curieuse – et galerie de personnages truculents, hauts en couleur, profondément reliés les uns aux autres par des liens de famille plus ou moins ténus – et qui ne seront jamais explicités car à quoi bon. Tout d’abord un peu perdu dans les noms propres qui fourmillent dans les récits décousus et souvent fantaisistes de Harlen, maître dans l’art du ragots ou peut être simplement profondément intéressé par ses frères humains, le lecteur – la lectrice – se laisse très vite porter par ces histoires toutes simples, souvent très drôles, parfois profondément émouvantes qui tracent en creux le portrait d’un homme flottant qui peu à peu retrouve des attaches. Coup de coeur !
Medicine river – Thomas King – 1989 – traduit de l’anglais par Hughes Leroy – 1997 – Albin Michel
*il s’agit de Blood 148 réserve des Gens-du-sang, nation de la Confédération Pieds-noirs au pied des Rocheuse, non loin de Calgary.


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