Eugène Onéguine est un roman en vers d’Alexandre Pouchkine écrit entre 1825 et 1832. Roman en vers ! Je vous vois frémir : Quoi, encore un de ces livres bizarres voire poussiéreux voire illisibles, héritage d’un passé révolu ! Et que nenni… Les vers de Pouchkine sont d’une limpidité, d’une fluidité qui vaut toutes les proses et son ton est renversant de modernité. Mais revenons au sujet. Eugène donc est un dandy né, gâté, blasé, revenu de tout. Lassé de la vie oisive et oiseuse qu’il mène en ville, il se retire à la campagne et devient par désoeuvrement l’ami intime du jeune poète Lenski. Ce dernier le traîne chez les Larine, des voisins qui aimeraient fort marier leurs deux filles Olga et Tatiana…
Évidemment je ne vous dirais pas que c’est une histoire joyeuse ou optimiste, nous parlons d’un roman russe du XIXe que diable, mais justement ce qui fait le charme de ce roman c’est ce contraste entre une écriture légère et lumineuse et une histoire d’autant plus sombre qu’il n’est pas question ici de destin mais bien de bêtise humaine, ou disons d’inconséquence. Car les personnages sont seuls responsables de ce qu’il advient d’eux par goût de la provocation, entêtement ou frivolité. Le cadre tant naturel que social est rendu de façon merveilleusement vivante, quant au style, il est simplement sublime d’élégance et de limpidité. De temps à autre l’auteur lui-même s’adresse au lecteur commentant la vie de celui-ci ou de celui-là, la comparant à la sienne avec une prescience assez troublante puisqu’il devait justement connaître le destin de l’un d’entre eux. Mais j’en dis déjà trop (quoique avec les classiques, il est bien difficile de garder secret le fin mot de l’histoire) mieux vaut vous laisser découvrir cette merveille, car c’en est une, par vous même. Enchanteur !
Eugène Onéguine – Alexandre Pouchkine – 1825-1832 traduit (bellement) du russe par Jean-Louis Backès – Folio classique
L’avis de Karine, ma glamoureuse colectrice, celui de geishanellie, d’autres ?
PS : Alexandre Pouchkine étant mort en duel, (au pistolet) c’est un compte-double pour le challenge nécrophile que j’oublie toujours de mentionner dans mes billets, ce qui est mal très mal !
PPS : Qu’a-t-il écrit d’autre Alexandre ? ça m’intéresse moi…
PPPS : J’ai déjà envie de le relire tss tss !
Une petite citation juste pour le plaisir :
Quand nous laisseront s’épanouir
Chez nous la civilisation,
Avec le temps (S’il faut en croire
les tablettes philosophiques,
Nous attendrons bien cinq cent ans),
Nos chemins seront transformés.
La russie sera traversée
Par tout un réseau de chaussées ;
Des ponts de fonte franchiront
Les cours d’eau sur de larges arches ;
Nous déplacerons les montagnes ;
Nous auront des tunnels hardis
Et la chrétienté construira
Une auberge à chaque relais.
Enchanteur, c’est le mot! 😉 J’ai tellement aimé la musique des mots, le voyage direct en Russie, l’humour, la légèreté, le placotage de l’auteur… Bref, une géniale découverte!
C’est tout à fait ça, on a fait le même voyage et en musique de mots encore :-))
Pas surpris du commentaire russophile de mam’zelle Karine. Moi je vais à la pêche deuis hier et je les utilise les vers…mais ce sont les asticots les meilleurs!
(sur ton Morganesque ou Émiliesque : C’est pas drôle, Papou)
Le Papou (en Périgord)
euh oui enfin non, drôle n’est pas le mot 🙂 mais le livre est magnifique quand même…
Quand j’étais petite, j’avais un superbe album (que j’ai toujours d’ailleurs !) de contes de Pouchkine que j’adorais, surtout l’histoire du Prince Oleg. J’ai lu aussi il y a très longtemps “La Dame de pique”, mais je devais être trop jeune et je n’en ai gardé aucun souvenir…
Pour ce roman en vers, j’avoue que je ne suis pas tentée…Si encore l’auteur l’avait écrit en haïkus ! Mouarf !!!!
tss tss comment peut on aimer les Haikus et hésiter devant Pouchkine, Turquoise, Turquoise !!!
Qu’a-t-il écrit d’autre Alexandre ?
Le Marchand de cercueils…
Tu comprendras mieux demain sur Libellus.
En attendant tu peux lire à ton aise cette nouvelle, Гробовщик, ici
http://rvb.ru/pushkin/01text/06prose/01prose/0860.htm
Merci Lou 🙂