Walter Hartright, jeune professeur de dessin avide de changement, se voit offrir une situation à la campagne auprès de deux jeunes filles. Peu avant son départ, il fait une étrange rencontre sur une route déserte en pleine nuit : une femme en blanc quelque peu incohérente et qui semble connaitre l’endroit même où il doit se rendre. Elle disparait sans explication et notre jeune professeur n’aura de cesse que d’enquêter sur cette apparition. L’affaire se complique lorsqu’une fois sur place, il se rend compte que nul n’a le moindre souvenir de l’inconnue et qu’une de ses élèves parle un peu trop à son coeur tendre. Or leur situation respective ne lui laisse aucun espoir – d’autant que la belle est fiancée – jusqu’à l’arrivée d’une lettre anonyme et la réapparition de la fameuse femme en blanc…
La dame en blanc, paru en 1860, est en général considéré comme un roman policier avant l’heure. Il est vrai qu’il se présente comme une enquête mais il est également et peut être surtout un avatar de roman gothique avec ses sombres desseins se tramant dans l’ombre – oui je suis grandiloquente mais ce roman le vaut bien. Car la dame en blanc est avant tout un élément de la diabolique machination qui s’ourdit autour des jeunes élèves de ce bon Hartright.
Wilkie Collins a imaginé pour ce roman, une technique narrative novatrice à l’époque et qui fait encore son petit effet – les narrations croisées. Chaque personnage à son tour apportera son témoignage, sous forme de récit, de journal, de déposition et ainsi de suite. Une technique que l’auteur maitrise à merveille et qui nous donne à lire quelques morceaux de prose absolument délicieux. Mention spéciale au témoignage de l’inénarable Mr Fairlie qui a su gagner mon coeur. Oui enfin d’une certaine façon, le personnage est suprêmement agaçant et totalement inepte mais que voulez-vous, un tel portrait mérite d’entrer au panthéon des archétypes fictionnesques. Le comte Fosco – moins original peut être – n’en est pas moins fort intéressant dans son rôle de grand étranger manipulateur mégalomane et égocentré – presque autant que Mr Fairlie c’est dire.
Il est presque dommage que les personnages principaux ne soient pas tout à fait à la hauteur de ces faire-valoir car enfin Walter et Laura forment sans doute la couple le moins intéressant de l’histoire du roman – bon j’exagère peut être. Que tant d’agitation et de sentiments se cristallisent autour d’un non-être de la non-trempe de Laura force le respect. Au moins les méchants sont-ils compréhensibles – ils en veulent à l’argent – mais les autres ? Pourquoi diable l’aiment-ils autant ? Voilà le vrai mystère et il restera irrésolu. Le vision des femmes de Collins est confondantes de platitude, belle et sensible mais demoiselle en détresse par essence ou intelligente et énergique mais laide à faire peur. Un personnage pourrait sauver l’honneur du beau sexe s’il ne s’averrait qu’une belle femme intelligente ne puisse que sombrer dans la dépravation. Pardonnons à Wilkie son manque de goût en matière féminine pour le plaisir de découvrir un roman fort bien mené et remarquable par l’influence qui exercera ensuite sur la littérature policière anglaise. On m’a soufflé dans l’oreillette qu’Arthur Conan Doyle ne cachait pas son admiration pour Wilkie Collins et bien je l’avais deviné, retrouvant certaines manières de Doyle dans ce roman – j’ai pensé au Signe des quatre et au Cercle rouge notamment – même si Wilkie était assez loin de la maitrise de son admirateur en matière d’agencement d’intrigue. Entrainant Classique !
La dame en blanc (The woman in white) – Wilkie Collins – 1860 – traduit de l’anglais par L. Lenoir
Lu dans le cadre des prolongations du mois anglais organisé par Titine et Lou ET dans celui des British mystéries de Hilde et Lou (toujours) parce qu’on arrête pas les challenges et aussi pour accompagner Cryssilda Collins grande admiratrice du Maitre.
PS : Incipit – “Cette histoire montrera avec quel courage une femme peut supporter les épreuves de la vie et ce dont un homme est capable pour arriver à ses fins.” Ce qu’on appelle une première phrase à faire peur non ?
j’ai beaucoup aimé ce livre au suspens très bien mené de chapitre en chapitre
un peu lent au début mais ensuite, le rythme est très prenant oui 🙂
Merci pour ton billet, je l’ajoute au récapitulatif. 🙂
Ce livre est dans ma PAL depuis des années, il faut vraiment que je le sorte de là.
un classique après tout 🙂
oh bin deja que j’ai trouve moyen son pierre de lune….sa dame blanche n’est pas tentante alors…..
Ah ben en fait j’ai bien aimé moi 🙂
Ce qu’on appelle une première phrase à faire peur non ?
C’est d’abord traduit à contresens. Relisons en vérité :
Cette histoire montrera de quelle abnégation un homme doit faire preuve pour supporter les femmes et ce dont une femme est capable pour arriver à ses fins.
TDL (TraDaLou)
Autrement, ça a l’air bien. Tu sais combien de livres j’ai en attente ? Non. Tu ne peux pas. Je ne le sais pas moi-même.
Enfin… Quand je vois Denis régulièrement chez toi, je me sens moins seul.
ppppfffff interprétation abusive du texte monsieur Lou 🙂 je suis prête à gager que ma pal dépasse la tienne AH 🙂
Jamais lu Wilkie Collins mais j’ai un de ses ouvrages dans ma pal. Voila donc un auteur que je devrais découvrir bientôt…
Il n’y a plus qu’à 🙂
Je ris en lisant ton commentaire sur les héros, surtout cette pauvre Laura tellement insipide ! J’adorais sa soeur et le fameux comte, je le relirais bien rien que pour ça ! Ton billet me rappelle certains aspects que je n’avais plus trop en tête… je lirai bientôt “Pauvre Miss Finch !”, qui m’a l’air prometteur 🙂
Oui je viens de lire le billet de Cryssilda et effectivement c’est un riman qui me semble extrèmement prometteur 🙂 (et drole aussi 🙂 )
Il va te falloir lire d’autres romans de Wilkie car je le trouve au contraire très féministe et en avance sur son époque ! Mais peut-être pas dans ce roman qui n’est de toutes façons pas mon préféré…
(billet en ligne au fait!)
Mais certainement m’dame 🙂 déjà poor mrs Finch je pense mais d’autres aussi, j’ai noté quelque part ceux dont tu m’as parlé l’autre jour 🙂
Tous les billets consacrés à cet auteur, parus ces dernières semaines, me donnent ben envie de le découvrir! Peut-être en commençant par celui-ci, d’ailleurs…
Ah le XIXe siècle anglais et ses barbus magnifiques 🙂
J’avais bien aimé l’atmosphère, mais trouvé la fin un peu fort de café.
Ah wilkie, wilkie 🙂
Je suis d’accord pour le couple principal pas vraiment intéressant! Mais qu’est-ce que Mr Fairlie avait pu m’énerver! Et j’aime bien le compte Fosco. Pour un méchant!
Absolument le compte Fosco est très sympathique en fait 🙂