En l’an de grâce 1431, la nef Querina affrétée par Messer Pietro Querini, noble capitaine vénitien, part de Candie à destination des Flandres. Dès le départ, la navigation s’avère mouvementée mais c’est aux abords de leur destination alors que les 68 marins se croient arrivés qu’une tempête les emporte et les garde au large pendant plus de cinq semaines. Ils se croient quelque part au large de l’Irlande, c’est en Norvège que les survivants s’échouent et plus précisément sur l’archipel de Lofoten, très loin au nord, par delà le cercle polaire. Onze d’entre eux seulement reverront Venise…
Quoique l’histoire de la plupart des naufrages tienne simplement en une ligne – perdu en mer, certains nous ont légué de fameux récits plus ou moins mouvementées, plus ou moins célèbres. Si l’histoire de la Querina ne peut rivaliser avec celles du Bounty ou du Batavia, ce qui la rend exceptionnelle – outre le fabuleux parcours des survivants – c’est qu’il nous en reste deux témoignages de première main différents et complémentaires, celui du Capitaine Pietro Querini lui-même, riche patricien, très conscient de sa position, de ses privilèges et celui de deux marins Cristoforo Fioravante et Nicolo de Michiel, plus proche de la mer et des gens – ces étranges pêcheurs du nord dont la vie quotidienne si simple en comparaison des fastes vénitiens ne laissent pas de les surprendre. La narration, très médiévale, fait la part belle à l’action dans les deux récits mais le capitaine s’attarde sur son ressenti, dans une tentative d’introspection assez moderne quoique fort teintée de dévotion, quand les marins ont tendances à parler au pluriel et se voir comme parties d’un équipage occupé à survivre. Le contraste est fort intéressant à observer et puis cela fait rêver ; ces marchands-marins de Venise ont exploré le grand nord à leur corps défendant certes mais qu’ont bien pu penser les pêcheurs des Lofoten en découvrant ces étrangers au parlé incompréhensible et aux manières si différentes ? Exotique !
Naufragés – Pietro Querini – Cristofo Fioravante & Nicolo de Michiel – XVe siècle – Traduit du vénitien par Claire Judde de Larivière – Anacharsis – 2005
l’avis de Ys
Les marins marchands vénitiens du 15ème siècle, ça fait rêver !
oui hein c’est pas tous les jours qu’on lit des écrits venus du fond des âges 🙂
La rencontre de deux civilisations aussi différentes est intéressante.
Le Papou
ça a dut être surprenant pour tout le monde, c’est certain 🙂
Voilà, j’en avais entendu parler
http://yspaddaden.com/2016/12/26/naufrages-de-querini-fioravante-de-michiel/
Ah mais oui, j’avais lu son billet d’ailleurs, je vais ajouter le lien tiens 🙂
Pourquoi pas, parce que tu dis que cette lecture est exotique.
de plus d’une façon, les textes datent du XVe (exotisme temporel) et relate la rencontre entre des vénitiens et des scandinaves alors…