à la mort de sa mère, Georges, jeune trentenaire suisse plutôt aisé, décide de retourner dans le veld sud-africain où il est né mais dont il ne garde que de vagues souvenirs. Son idée, revoir la ferme de ses grand-parents et peut être la vendre. Encore faudrait-il la retrouver car le pays de ses souvenirs a disparu, il ne reste que des ruines, des terres à l’abandon, quelques fermes déshéritées où survivent une poignée d’afrikaners déclassés, appauvris, isolés qui lui offrent l’hospitalité mais le considèrent avec méfiance. Sous le ciel immense et plombé du Veld, l’exil peut prendre bien des visages mais permet-il le retour ?
Dans Retour au pays bien aimé, tout – histoire, personnages, panorama – semble s’étioler sous le poids d’un ciel pesant qui bien loin d’ouvrir l’espace ou de symboliser la liberté, pèse sur le paysage et enferme les hommes d’une façon quasi carcérale. Juste hors de vue, rôde la peur, celle d’un danger jamais nommé dont on ne sait ce qu’il est ni s’il existe réellement. D’une certaine façon, l’exil géographique de Georges, tout nourri des souvenirs de ses parents plus que des siens, semble peu de chose par rapport à celui que vivent ceux qui sont restés, exilés de leur propre vie, vivant des souvenirs d’un passé à jamais révolu englouti dans des événements dont on ne saura jamais exactement ce qu’ils furent. Jeunes et vieux, tous vivent de et dans cette perte, projetant sur le revenant souvenirs, fantasmes d’évasions ou de changements mais sans jamais vraiment s’intéresser à ce qui peut se passer ailleurs, le regard de chacun semblant tourné vers l’intérieur, incapable de voir plus loin, autrement, autre choses.
Après quelques recherches, j’ignore toujours si l’auteur avait en tête des événements précis pour ceux jamais nommés qui sont au centre de cette histoire – et qui auraient eu lieu dans les années quarante si on se réfère à la date de publication du livre mais l’histoire de l’Afrique du Sud est complexe et les bouleversements n’y manquent pas. En situant son roman hors du temps, l’auteur en fait un récit universel tissé de peur et de colère qui dérange et perturbe avec une puissance peu commune. Une roman fort qui se lit en apnée, se termine hors souffle, et laisse derrière lui bien des sujets de méditations. Puissant.
Retour au pays bien aimé – Karel Schoeman – 1972 – Traduit de l’afrikaans par Pierre-Marie Finkelstein – 2006 – Phébus
Lu dans le cadre du projet Lire le monde de Yspadadden – Les avis de Keisha , Brize et Fanja
PS : Karel Schoeman est un auteur qu’on se réjouit de rencontrer, j’ai déjà un autre de ses titres en vue…
L’aube fut et l’humanité se réveilla d’entre les morts. Des milliards d’hommes, de femmes, d’enfants provenant de tous les continents et de toutes les époques ouvrirent les yeux près du grand fleuve, nus, jeunes, vigoureux et totalement perdus. Que s’était-il passé ? Qui les avait mis là et pourquoi ? Mystère. En attendant, ils avaient un monde à leur disposition…
Chaque peuple a son ennemi, un ennemi mortel. S’il n’en a pas, eh bien il doit s’en trouver un. Un ennemi qu’il faut montrer du doigt, dénoncer dans les livres d’école. Car il ne s’agirait pas qu’en grandissant les enfants comprennent enfin que d’autre que lui sont responsables de ce qui va de travers dans leur vie.

1958 près d’Athènes, dans le vaste jardin et la maison pleine de recoins d’une octogénaire passablement excentrique, Ilias, le jeune fils du jardinier, a des visions aussi étranges qu’effrayantes. Pire, quand il est en présence de la vieille dame, des mots d’une langue inconnue se bousculent dans sa bouches et il devine des choses dont il devrait ignorer jusqu’à l’existence. Troublée, voyant en lui un medium, celle-ci s’attache à lui et le réclame sans cesse à ses côtés. Espérant par son intermédiaire, renouer avec son passé – oublié de tous – celui d’une jeune femme de la bonne société osmanlie qui suivit jadis un Grec, changea de nom et de religion et fit tout pour se fondre dans son nouveau monde, laissant derrière elle sa famille et surtout un frère tant aimé…
2109, Bruna Husky, techno-humaine de combat reconvertie en détective privé, compte toujours le temps qui lui reste à vivre – trois ans, dix mois et vingt et un jours – enragée par l’inéluctable brièveté programmée de sa vie de réplicante – dix ans pas une heure de plus. Plus pragmatiquement il lui faut assurer le quotidien dans un monde où pratiquement tout se paie – et cher – et trouver une place pour les sentiments liées à sa “mémoire émotionnelle” hors du commun et dont elle ne sait que faire. Jusqu’à ce qu’elle se retrouve responsable d’une enfant plus que difficile échappée de la zone zéro – polluée au dernier degré – et que tout semble se détraquer encore plus qu’à l’habitude.
Ce roman entre dans le 






Lu dans le cadre de l’année grecque organisée par 
