Fleurs de ciel

Cordes sur ciel - mai 2012

Cordes sur ciel – mai 2012

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Pause promenade

Avoir une amie à la maison qui partage vos goûts (peut être un rien envahissants) en matière de vieilles pierres, c’est le bonheur ! Karine, reste encore un peu avec moi, dis…

Séverac-le-Château – 2012 (cliquer pour agrandir)

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Lointain souvenir de la peau

Kid, 22 ans, s’est réfugié avec son lézard Iggy sous l’échangeur de la voie rapide, sur une petite île de béton où s’entassent tous ceux qui comme lui n’ont plus le droit de vivre ailleurs, de l’autre côté des ponts, là où vivent les gens normaux. Oh ils peuvent y aller bien sûr, faire leur courses, éventuellement dans les poubelles, chercher un petit boulot, éventuellement avec espoir, mais y rester, dormir, s’installer c’est interdit et grâce aux bracelets qu’ils portent tous, impossible d’y couper. L’univers de Kid se résume donc à cet amoncellement de tentes, cahutes et autres cabanes fabriquées de bric et de broc, où essait de s’organiser le rebus de l’humanité. Jusqu’à la nuit où la police charge, détruit, disperse, chasse, blesse et tue parfois, histoire de nettoyer l’endroit devenu par la grace d’un media ou d’un autre officiellement indésirable. Le moment pour Kid de se demander réellement où est sa place, ou plutôt s’il lui reste une place quelquepart, ou une vie peut être…

Rassurez-vous – ou pas d’ailleurs – Russel Banks ne s’est pas tout à coup mis à la science fiction, ce roman se passe bel et bien de nos jours dans la riante Floride comté de Calusa et y suit le parcourt erratique mais également philosophique d’un de ces nouveaux lépreux de la société américaine, condamné, emprisonné puis relaché avec obligation de rester dans le comté qui l’a jugé mais interdiction de s’installer à proximité d’autres humains. Une nouvelle version de la cadrature du cercle particulièrement poignante qui épingle les dérives d’une société pétrifiée dans un tout sécuritaire hystérique mais sans laisser le lecteur s’installer dans sa bonne conscience. Car Kid comme les autres est un délinquant sexuel, ce que chacun peut vérifier en se connectant gratuitement sur internet, et qui donc, le sachant, accepterait de le laisser s’installer près de chez lui ? La prose de Banks, que je découvre avec ce roman, est aussi puissante qu’impitoyable, elle dérange, gratte, questionne et laisse le lecteur avec un goût de cendre et un grand appétit de rédemption. Perturbant !

Lointain souvenir de la peau – Russel Banks – 2011 – Traduit de l’américain par Pierre Furlan – acte sud 2012

L’avis de Cuné que je remercie pour le prêt et la découverte de l’auteur…

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Cors de chasse

Notre histoire est noble et tragique

Comme le masque d’un tyran

Nul drame hasardeux ou magique

Aucun détail indifférent

Ne rend notre amour pathétique

 

Et Thomas de Quincey buvant

L’opium poison doux et chaste

À sa pauvre Anne allait rêvant

Passons passons puisque tout passe

Je me retournerai souvent

 

Les souvenirs sont cors de chasse

Dont meurt le bruit parmi le vent

 

Guillaume Apollinaire – Alcools (1913)

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Eternel féminin : le retour de la vengeance

Notre très chère Anjie ayant décidé de relancer le swap Eternel féminin, je me suis retrouvée quasiment sans m’en rendre compte embarquée dans l’aventure. En même temps, j’aime bien les swaps d’accord, et puis avec les copines en plus, d’accord… Les consignes étaient les suivantes, deux ou trois livres d’auteurs féminins, un CD, une gourmandise et un objet plus ou moins en rapport avec la lecture…

et voici ce que mon joli paquet m’a révélé, suspense !

swap fem 1

Et encore suspense…

swap fem 2Bien évidemment, les paquets ne sont pas restés longtemps emballés, la curiosité n’étant pas le moindre de mes défauts… Et le moins qu’on puisse dire c’est que ma charmante swappée, Alice, m’a gâtée. Voyez plutôt…

swap fem 3Trois livres donc, Mari et femme de Zeruya Shalem, un roman israélien (un de ses coups de cœur), Le récital des anges de Tracy Chevalier (son préféré de l’auteure), et Les plaines de l’espoir d’Alexis Wright, un roman australien qui m’a l’air passionnant.

Avec cela un CD de Sia (que je ne connaissais pas encore), une compilation féminine maison, des chocolat garantis extra suisses (hélas il n’en reste guère, comment cela se fait-il ?) et un superbe mug (pour me tenir compagnie quand je lis).

swap fem 4Joli non ?

Un grand merci à Alice pour toute ces belles choses et bien sûr à Anjelica pour l’organisation de ce swap 100% féminin !

Publié dans Swaps | 22 commentaires

Chaleur blanche

Sur Ellesmere, île arctique canadienne largement au nord du cercle polaire, Edie Kiglatuk, chasseuse et guide professionnelle, escorte deux touristes venus pour une excursion de chasse lorsque l’un d’eux est tué d’un coup de fusil. La mort est classée accidentelle mais Edie reste mal à l’aise, persuadée que le prétendu accident méritait une enquête plus sérieuse. Lorsqu’un autre touriste disparait quelques semaines plus tard pratiquement au même endroit, Edie décide de mener l’enquête malgré les réticences marquées des autorités, anxieuses de ne pas ternir l’image de la région…

J’étais à la recherche de romans irlandais ou écossais (Cryssilda, sors de ce corps) quand je suis tombé par chance sur cette pépite car que voici un roman profondément dépaysant. L’intrigue, quoique que classique sur le fond – un meurtre, une disparition et tutti quanti, est bien différente de ce qu’on peut lire habituellement pour toutes sortes de raisons : les protagonistes d’abord bien sûr, puisque tout se passe au sein d’une communauté inuit, l’environnement ensuite, ce grand nord à la fois grandiose et cruel où les humains n’ont guère le droit à l’erreur, son rythme enfin calqué à la fois sur la nature (on perd facilement la notion du temps quand on voyage au pays des arcs en ciel circulaires) et sur la façon de vivre de gens pour qui une montre est un accessoire des plus fantaisistes. Pour autant, on s’attache assez vite à Edie et son entourage, on s’intéresse, on s’indigne, on compatis, on admire, on apprend et si les motivations sont au fond toujours les mêmes et les mobiles finalement bien familiers c’est au terme d’un voyage ou bien peu de chose l’était. Une très belle découverte dans le genre polar ethnologique : Arctique !

 

Chaleur Blanche – Mélanie J. McGrath – 2011 – fort bien traduit de l’anglais par Cecile Deniard – Presse de la cité

 

PS : J’ai toujours eu envie de passer le cercle arctique…

PPS : Je ne suis pas une spécialiste des Inuits, mais enfin pour ce que je peux en juger, en tant qu’ex étudiante canadienne en anthropologie ayant suivi quelques cours sur ce peuple, l’auteure me semble bien maitriser son sujet… Un sujet que je trouve passionant !

PPPS : Le repas d’Edie sont quand même très exotiques à mes yeux, je me demande si je pourrais m’habituer à manger si peu végétal…

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L’île des chasseurs d’oiseaux

Traumatisé par la mort récente de son fils unique, l’inspecteur Fin McLeod se voit sommé par sa hierarchie de reprendre le travail et de se rendre illico sur l’ile de Lewis ou un crime potentiellement lié à une de ses récentes enquêtes vient d’avoir lieu. L’ile de Lewis où Fin est né, où il n’est pas retourné depuis son adolescence, où il n’est pas vraiment sûr d’avoir envie de remettre les pieds… Et il va vite se rendre compte que les choses ne changent guère sur l’ile, les mêmes gens qu’il connait presque tous, les mêmes maisons un peu plus délabrées, les mêmes paysages, les mêmes cicatrices, les mêmes archaïsmes, alors que les chasseurs de gugas – de jeunes fous de bassans – se préparent a partir pour le rocher battu par les flots où ils accomplissent chaque année leur dangereux et épuisant rituel de chasse. Et même si dès l’autopsie, il est persuadé que le crime n’est pas directement lié à son enquête, Fin se sent étrangement concerné par cette mort alors que chaque rencontre, chaque promenade font revivre en lui des souvenirs plus perturbants qu’il ne le souhaiterait…

Je redoutais un peu ce roman, annoncé comme un sommet de noirceur et de cruauté, ce qui n’est pas vraiment mon style et c’est peu dire. Et bien contre toute attente, ce fut un véritable coup de coeur, chose rare, en ce qui me concerne, pour un polar. Alors oui, peut être est-ce un roman noir, mais rien ici n’est gratuit, voyeur ou tape à l’oeil. C’est à un voyage que nous convie l’auteur, tant physique dans cette région un peu désolée du nord de l’Ecosse que mental dans le passé de l’inspecteur Fin qu’il réexplore d’abord avec précaution puis de plus en plus profondément au fur et à mesure qu’il se confronte à son passé. L’alternance entre le récit de l’enquête et les souvenirs de Fin, crée une réelle tension dans le récit qu’on dévore non pas tant pour en savoir la fin que pour en comprendre les arcanes et les rouages, délicats, complexes, secrets, plongeant leurs racines dans le passé. L’intrigue est si finement agencée que la réelle cruauté de certains évènements s’imbrique presque naturellement dans l’ensemble, évitant au récit tout exhibitionisme facile mais suscitant une vraie compassion pour les fétus de paille pris au piège d’événements auxquels ils ne peuvent échapper. Résumons-nous, une construction magistrale qui vous fait tourner les pages à la limite de l’apnée, une histoire retorse qui touche au pire comme au meilleur de l’humain, une écriture limpide qui sent bon l’iode et la tourbe : Achetez-le, empruntez-le, volez-le mais surtout lisez-le. Ecossais !

L’ile des chasseurs d’oiseau – Peter May – The blackhouse traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue – Rouergue noir 2009 – Babel noir 2011

L’avis de la grande prêtresse du kiltissime Cryssilda

PS : Je crois que je vais développer une passion pour Peter May, un homme qui écrit sur la Chine et l’Ecosse est romancier fait pour moi…

PPS : J’ai choisi de reproduire la couverture du babel noir, plus à mon goût que celle du Rouergue mais c’est tout personnel. 

PPPS : J’attends avec impatience de lire la suite, L’homme de Lewis, mais j’ai déjà mis la main sur un des romans “chinois” de May, beaucoup plus classique dans l’intrigue et la construction mais fort sympathique.

PPPPS : Je veux aller en Ecosse !

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Ciel d’avril

Ciel d'avril - Blagnac - avril 2012 (cliquer pour agrandir)

Ciel d’avril – Blagnac – avril 2012 (cliquer pour agrandir)

 

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Clandestin

Un an après avoir perdu sa femme dans l’attentat du 11 septembre, Gil Castle, toujours incapable de surmoter cette épreuve, décide de changer complètement de vie. Il quitte son travail, vend sa maison et accepte la proposition de son cousin d’habiter une petite maison sur le vaste ranch dont ce dernier est le propriétaire en Arizona. Là, seul avec son chien et ses livres, Sénèque principalement dans lequel il cherche consolation, retrouvant ses racines auprès d’une famille qu’il connait mal, il espère retrouver la paix loin du fracas de l’Histoire. Mais le ranch borde la frontière du Mexique, lieu de tous les trafics, et l’Histoire, celle de l’ouest dans laquelle son grand-père, Ben Erskine, a joué un rôle devenu légendaire, ne va pas tarder à le rattrapper…

Que voici un beau roman, solidement construit et bien mené, melant fort habilement la situation actuelle sur la frontière lieu de violence générée par la drogue et l’immigration et la légende de l’ouest, époque finalement pas si lointaine où cette frontière était tout au plus théorique. L’alternance des chapitres évoquant la vie de Ben Erskine et ceux mettant en scène Gil et ses cousins enveloppe ce roman de l’atmosphère sèche et poussiéreuse d’un véritable western à la fois moderne et traditionnel. Les paysages grandioses et désolés du Sud-Ouest des Etats-unis, des personnages vivants et imparfaits mais humains aussi et toujours intéressants, une intrigue à la fois familiale, policière et historique, que demander de plus ? Western !

Clandestin (Crossers) – Philip Caputo – 2009 – traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau – le Cherche Midi 2012

Les avis de Cuné que je remercie encore de m’avoir tentée, Keisha et Clara

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Le jeudi, c’est citation…

Sur le rivage des flots déserts,
Debout, pensif et solitaire,
Il regardait vers le lointain
Devant, le fleuve puissant roulait, 
Une frêle barque s’y dépêchait
Le long des berges moussues, herbeuses ;
Chaumières noircies, de-ci, de-là,
Refuge de misereux finnois
Et la forêt, où nul éclat
D’un pâle soleil ne pénétrait,
Autour bruissait…
                    Et il songeait :
D’ici nous menaceront la Suède,
Ici, une ville s’élèvera
Pour narguer l’impudent Suédois,
Nous percerons, d’un seul élan
Une fenêtre vers l’Occident,
Sur la mer nous nous ancrerons.
Alors, portés par des vagues neuves,
Les pavillons du monde entier
viendront avec nous festoyer.

Le cavalier de bronze (extrait) – Alexandre Pouchkine – 1833 

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