Le principe de l’Uchronie est tout simple : et si les choses s’étaient passé différemment, et si Alexandre était parti vers l’ouest, et si Napoléon avait quitté Moscou à temps, et si l’Axe avait gagné… les possibilités sont infinies et le Guide de l’Uchronie de Bertrand Campeis et Karine Gobled – la très aimée camarade Lhisbei de RSF blog – dont je compte vous parler un jour prochain, pourra vous apprendre tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sujet.
A la puissance des romains je ne mets de limites
ni dans le temps ni dans l’espace.
je leur ai donné un empire sans fin.
Virgile, Enéide, Livre 1
Inspirés par Virgile et Gibbon, l’historien anglais qui attribuait au christianisme une grande part de responsabilité dans la chute de Rome, imaginons donc, avec Silverberg, que les juifs n’aient pas réussi à franchir la mer rouge et fuir l’Égypte et que le christianisme ne soit donc pas apparu en palestine. L’empire romain resté fort aurait ainsi pu perdurer à travers les siècles résistant à la division. Ajoutons éventuellement un incident supplémentaire pour écarter de l’équation un illuminé potentiellement dangereux quelque part dans la péninsule arabique mais n’anticipons pas. Roma, la grande, l’unique, règne donc sur le monde et nous parcourons quelques unes des étapes cruciales de sa glorieuse histoire. L’originalité de cette œuvre est en effet de rassembler en un ensemble parfaitement cohérent une dizaine de nouvelles parfois séparées de quelques dizaines d’années, parfois de plusieurs siècles ; querelles de palais, affrontements entre capitales – car Constantinople a bien été fondée pour équilibrer l’administration de l’empire, tentatives de conquête de l’Amérique oups pardon de Nova Roma le grand continent de l’ouest, premier tour du monde d’un empereur navigateur, que sais-je encore. Le tout forme une impressionnante fresque de presque 2000 ans d’une Histoire de l’Ancien Monde alternative, dégagée de toute emprise religieuse. Un voyage d’un exotisme particulier et d’un intérêt certain avec parfois une touche de poésie, auquel on ne peut guère reprocher que d’avoir systématiquement privilégié le point de vue des puissants – voir quelques personnages plus ordinaires évoluer dans ce monde aurait été ma foi fort intéressant. Impressionnant !
Roma Aeterna – Robert Silverberg – 2003 – traduit de l’anglais par Jean-Marc Chambon – Robert Laffont, Ailleurs et Demain – 2004
Lecture inspirée donc par Le Guide de l’uchronie de Karine et Bertrand publié chez ActuSF
PS : Pour ceux qui aiment les VO
His ego nec metas rerum nec tempora pono : Imperium sine fine dedi.
‘Enéide’, 277 et sq.
merci Lou
PPS : Pour les courageux The History of the Decline and Fall of the Roman Empire – Edward Gibbon 1776-1789 – sachez que l’on dit que le grand Isaac Asimov soi-même s’en serait inspiré pour Fondation


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