Sur les ossements des morts

ossementsDans un village des sudètes polonaises dépeuplé par l’hiver, la mort absurde d’un vieux braconnier – étouffé par l’os d’une biche qu’il avait tué et mangé – semble préluder à un enchainement de morts étranges, visant des notables peu ragoûtants, tous chasseurs de surcroît. Pour Janina Doucheyko, une des rares habitantes permanente du village, ingénieure en retraite, férue d’astrologie et fervente protectrice de la nature sous toutes ses formes, une seule explication possible : les animaux ont commencé à se venger…
Que voilà un étrange roman à la croisée des genres ! Sur une trame de polar plutôt réaliste et retorse, l’auteur se glissant dans l’esprit quelque peu particulier de la narratrice – Janina qui n’aime pas son prénom et renomme gens et choses en fonction de l’harmonie qu’elle perçoit – tisse un manifeste écologique dont on ne sait s’il relève du pamphlet social, du conte traditionnel, du fantastique ou de la psychiatrie toute crue. Lisant le monde dans les étoiles et construisant ses théories plus ou moins fantaisistes avec la rigueur toute scientifique de l’ingénieure qu’elle fut, Janina nous livre peu a peu son interprétation du monde, tour à tour loufoque ou lucide, parfois cruelle, souvent poétique – lorsqu’elle passe et repasse la frontière de Tchéquie pour célébrer le temps d’avant ou un tel acte semblait à jamais impossible. Un roman étonnant qui accroche et dérange et dont la fin laisse un petit goût mi-figue mi-raisin. Surprenant !
Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk – 2010 – traduit du polonais par Margot Carlier – Noir sur blanc 2012
L’avis d’Ys qui m’a donné envie

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