Toutes des Pénélopes

Stéphanie est une brillante étudiantes en fin de thèse de lettres classiques. Elle travaille en complément pour la maison d’édition Olympus, espère bien y décrocher un poste dès sa soutenance passée et de plus partage la vie d’un homme aussi séduisant que brillant. Bref tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Mais Stéphanie est persuadée d’être l’objet d’une malédiction propre aux femmes, celle de Pénélope. Elle passe en effet son temps accrochée à son téléphone, guettant coup de fil et textos de son Ulysse personnelle, digérant lapins divers et annulations de dernière minute, bref elle vit dans une attente  constante sans autres dérivatifs que les multiples séries télé qu’elle regarde à longueur de temps.

Bon la Chick-lit n’est pas ma tasse de thé, cela se sait mais je m’étais dit qu’un petit divertissement entre Ackroyd et Despentes ne pourrait pas me faire de mal. Et effectivement, j’ai passé un moment plaisant mais non sans grincements de dents. Le premiers tiers de l’histoire à mis ma patience à rude épreuve, cette Stéphanie, je l’aurais volontiers étranglée ou du moins rudement secouée pour la faire réagir. Voici donc une fille intelligente (elle va obtenir sa thèse avec mention très bien et les félicitations du jury quand même), sympathique, drôle, jolie, (évidemment), dotée d’une famille et d’amies sincères mais capable de passer des heures dans un restaurant à attendre son tendre et cher pour leur anniversaire tout en se liquéfiant devant les serveurs apitoyés. Là j’ai du mal. Je songe à écrire une thèse sur l’utilisation abusive du mot orgueil par des lavettes masochiste mais passons. Ce qui sauve le livre, outre les circonstances qui vont brusquer la dite Stéphanie et l’obliger à bouger – en l’occurence bien sûr une maladresse de l’ami d’Ulysse révélant l’horrible comportement dudit, c’est sa manie d’octroyer à toutes les personnes de sa connaissance des surnoms mythologiques et d’en tirer de longues considérations sur leur vie, leurs aventures et leurs réactions. L’entendre parler familièrement de Zeus, Athéna, Iris ou Echo, ou suivre ses divagations comparatives entre tapisserie et télévision donne à cette histoire des plus classiques, une bonne dose de drôlerie ainsi qu’un certain cachet. Les derniers deux-tiers m’ont donc bien amusée malgré la fin téléphonée (et définitivement sexiste – elle aurait pu s’assumer la minette et chasser elle-même son gibier) et les quelques dérapages harlequinesques (l’effet que lui font certains baisers). Mignon, agaçant mais mignon !

 

Toutes des Pénélopes – Lisa Klimmt – 2010 – Fleuve noir

 

PS : J’ai eu un peu de mal aussi avec les abondantes références aux glandes sudoripares  de notre jeune thésarde, Pénélope n’aurait jamais commis une telle faute de goût !  

PPS : L’abominable yorkshire dénommé Télémaque m’a un peu tapé sur le système également, je n’ai jamais vu un chien adulte se conduire de façon aussi systématiquement destructrice. Je prescris une consultation chez un psy canin !

PPS : Pouvez-vous deviner en quel avatar mythologique notre heroïne va se transformer après avoir taté de l’Ariane et de la Pénélope ?

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