Une campagne enneigée, un château isolé, une époque indéterminée, une famille disons recomposée : le seigneur des lieux, sa sœur, sa seconde femme et le frère de celle-ci, mais la première aussi, déclarée folle pour permettre le remariage de son époux… et puis l’invité – Frédéric – vague cousin, inconscient et ravi de lui-même, fort occupé à séduire Éléonore – la seconde femme – sous des regards quelque peu complices, quelque peu ambigus, quelque peu pervers, sans jamais vraiment réaliser à quel point il est coincé en ces lieux, par cette neige, dans les relations troubles qui unissent ses hôtes…
Ainsi résumée, cette pièce – la première de l’auteure – pourrait paraitre tragique mais si la situation l’est, le traitement lui est tout autre. Autour d’un noyau factuellement dramatique, Françoise Sagan tisse un pur marivaudage tout de frou-frou soyeux, de phrases brillantes et de coups de griffes. Derrière cette écriture fluide, on sent une patte féline toute finesse et rouerie signant d’une plume délicate un vaudeville très classique qui se transforme en un jeu mondain des plus cruels, à la fois équivoque et spirituel, un peu vain peut être – comme la bourgeoisie clinquante et désœuvrée qu’il épingle – mais somme toute assez réjouissant – surtout si on l’imagine mis en scène en 1960. Sombre neige !
Un Château en Suède – Françoise Sagan – 1960
Une idée de lecture et d’hommage de Lou de libellus



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