De retour sur son ile natale après avoir fait table rase du passé, divorce et démission au premier chef, Finn s’installe dans les ruines de la maison de ses parents pour la retaper et se reconstruire un futur quand on découvre dans les tourbes de l’ile, le cadavre momifié d’un homme assassiné. Ce qui aurait pu n’avoir qu’un intérêt archéologique se transforme en enquête policière lorsque l’ADN révèle que le mort est le frère d’un habitant de l’ile toujours vivant quoique plutôt âgé et officiellement fils unique en plus d’être le père de l’amour d’enfance de Finn. Ce dernier tente donc, par amour, amitié, compassion et peut être curiosité de résoudre ce curieux problème rendu plus opaque encore par l’insaisissable mémoire du vieillard perdu dans les méandres de la maladie d’Alzheimer.
Après L’île des chasseurs d’oiseaux, j’avais plus que hâte de m’immerger dans le second tome de la série écossaise* de Peter May et, après un début un tantinet angoissé – les errements intérieurs du vieux Tromod étant particulièrement réaliste, j’ai retrouvé l’enchantement, au sens propre celui d’envoûtement, du premier opus.
L’île, ce personnage à part entière, a déployé ses sortilèges, sa nature impérieuse impossible à ignorer, ses paysages tourmentés, ses habitants endurcis, solides, enfouis sous d’épaisses couches de non-dits qui les protégent à moins qu’ils ne les isolent jusqu’à ce qu’ils se fendent révélant au grand jour la vulnérabilité de chacun. La narration alternée dans le temps, enquête de Finn et souvenirs de Tromod, tisse en profondeur une tranche de vie écossaise, entremêlant problèmes actuels et années d’après-guerre lorsque de jeunes orphelins catholiques étaient confiés soit par l’état à des institutions sans âmes soit par l’église à des familles qui effaçaient jusqu’au souvenir de leur identité d’origine. Un livre plutôt noir donc, parfois cruel, mais où flotte malgré tout l’indéfinissable espoir, à moins que ce ne soit le souvenir, de temps meilleurs et une foi véritable en la vie et les joies petites ou grandes qui l’accompagnent. Écossais !
L’homme de Lewis – Peter May – Édition du Rouergue – 2011 – Traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue
Lu dans le cadre du Prix Kiltissime organisé par Cryssilda qui a décidé de nous faire découvrir cinq écrivains écossais d’ici l’automne (et oui elle est comme ça Cryssilda)
PS: Je rassure les curieux, ces tomes sont indépendants, on peut les lire dans l’ordre ou le désordre sauf à être atteint de psychorigidité littéraire comme certaines (qui l’ont avoué publiquement mais je ne tairais les noms).
PPS et néanmoins * : L’auteur a en effet commis jusqu’ici deux autres séries, l’une dite chinoise et l’autre Lotoise, peut être pas de la même qualité si j’en juge par le seul opus (chinois) qui me soit tombé entre les mains jusqu’ici mais à explorer…
PPPS : Les romans de cette série pourtant très écossaise sont publiés d’abord en français, hé oui, car l’auteur habite dans le Lot, les voies de l’Écosse sont impénétrables.
Je te l’avais dit que c’était bon.
Le Papou
ça l’était 🙂
A lire avec un verre de whisky entre les mains….
excellentissime idée 🙂
en lisant ton billet, je retrouve mon impression de lecture. Je me suis régalée, il me faudra lire le premier tome!
oui il FAUT 🙂
je disais justement ce matin à Cryssilda que j’avais très envie de lire les deux livres de Peter May mais j’ai le dernier Burnside à lire avant…je suis totalement à la bourre !!! Là tu m’as remotivé, je veux lire Peter May !!!
Oui Peter May rules :-))))