Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Charles Baudelaire – Les fleurs du mal
PS : ce poème est bien entendu dédié à monsieur Lou qui l’a réclamé et m’a, de ce fait, appris le mot Pantoum…
Souvenir d’explication de texte en 1ère L…. ce dernier vers m’avait donné bien des soucis… mais j’aime toujours autant baudelaire que j’ai mis à l’honneur aujourd’hui sur mon blog !!!
Est-ce que l’on peut aimer un poème que l’on a étudié en classe ? Cela pourrait faire un chouette sujet de philo non ?
Le pantoum de Baudelaire présente bien des irrégularités par rapport à la forme définie d’après une variante du pantoum malais, et cela ne peut être dû à une maladresse ni au hasard de l’inspiration. On en retiendra, fidèlement à l’original, les vertus dansantes.
Parmi les infractions relevées, on observera que le dernier vers ne reprend pas le premier, ce qui implique de bousculer les règles (en particulier le mode d’alternance des rimes).
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
[…]
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Tiens, tiens !
On vous laisse vibrer et frémir.
Ecoutez les assonances.
Ce poème (cette forme poétique) suit un développement par répétition : en cela, il est emblématique des Fleurs du mal dont la structure est répétitive – un thème, des variations (l’une des irrégularités tient au fait que Baudelaire s’en tient à un seul thème tout au long du texte).
On n’en dira pas plus, il ne faut pas mettre à nu la mariée.
Merci Professeur Lou, tu m’ouvres des perspectives insoupçonnées je dois dire 🙂
pétard des guettes, cette semaine, des poèmes beaux et tristes !
Oui, les poèmes qui me plaisent sont souvent tristes…
J’adore Baudelaire mais je ne connaissais pas le mot “patoum”…
toi non plus, heureusement il y a Lou 😉