Quelle est la différence entre gaulois et celtes. Euh… les gaulois sont des celtes ! Oui pas mal mais encore ? …
Exprimons-le autrement, comment est-on passé de la vaste celtique dont parlent les auteurs antérieurs au 1er siècle avant JC et la Gaule telle que nous l’imaginons ?
Prenons un général romain obligé s’il veut acquérir du pouvoir de réussir une campagne et d’y assoir sa fortune. Son choix se porte sur le nord : mosaïque celtique, fondamentalement agricole, bien connue des romains qui commercent avec elle depuis longtemps. En avant donc, imposons nous avec l’aide d’alliés sur place qui comptent bien tirer leur épingle du jeux. Au bout d’un certain temps, ce général se rend compte qu’il n’ira pas plus loin, ni au nord, ni à l’est ou du moins cela prendra du temps. C’est le moment le tracer des frontières : le Rhin c’est bien non ? Allez hop, tous les peuples au sud et à l’ouest du Rhin seront donc indifféremment des gaulois, à l’est des germains et pour que cela sonne bien transformons ces noms de peuples en noms de nations : ainsi nous parlerons désormais de la Gaule et de la Germanie. Notre général a un beau brin de plume, ses "commentaires" consacrent son partage du monde. Plus tard encore il est divinisé, qui donc osera désormais aller contre la parole du Dieu césar…
Voici donc la Gaule et ses toutes nouvelles frontières naturelles, un concept appelé à faire fortune.
Au fil des siècles, c’est Rome qui sera retenue comme la source de la culture française : intellectuelle, artistique, architecturale, légale, politique… Que reste-t-il de la Gaule ? pas grand chose jusqu’au XIXe siècle lorsque les français vont retourner chercher dans les fins fonds de leur histoire des héros, des symboles et pourquoi pas des justifications… Un peuple sauvage et proche de la nature, combatif et courageux, résistant et fier… Vaincus peut être mais avec panache tel Vercingétorix à Alesia – Et nos ancêtres les gaulois de faire fortune jusque dans des coins improbables de la planètes.
En sept chapitres, un pour chaque jour de la semaine (du jour de la lune à celui du soleil), Christian Goudineau explore les représentations actuelles de la Gaule et leur rapport avec ce que nous savons aujourd’hui des celtes qui vivaient sur ces territoires. Jour de la lune, le côté nature ; jour de mars, le coté belliqueux ; jour de mercure, le côté commerçant et ainsi de suite…
J’ai trouvé ce petit essai intéressant, rapide à lire et plein d’enseignements, moins sur les gaulois eux-même sans doute que sur ce qu’on appelle en anthropologie "l’invention de la tradition". Je regrette juste l’insertion à la fin de chaque chapitre d’un dialogue avec une Elle (censée nous représenter peut être) dont je n’ai pas vu l’intérêt mais bien plutôt le côté cuistre… Ceci étant dit, Christian Goudineau éclaire encore une fois brillament et avec humour cette époque plutôt brumeuse de notre histoire.
Les romans de cet auteur, qui se déroulent à l’époque gallo-romaine, méritent eux-aussi le détour. Voir ici une présentation du voyage de Marcus .
Par Toutatis – Que reste-t-il de la Gaulle ? – Christian Goudineau – Le seuil – collection l’avenir du passé – 2002
Mmmm….Il doit être bien intéressant ce petit bouquin. En plus si c’est signé Goudineau…le voyage de Marcus m’avait passionné , je l’inscrit sur ma Làl. Merci et bonnes lectures.
je note! j’aime beaucoupta critique!
Pascal , moi aussi j’ai craqué pour le voyage de marcus ! 🙂
Merci Choupy