Tout a commencé par une émission de radio. En voiture tranquille, j’écoute d’une oreille distraite un journaliste présenter Virginie Despentes. Le nom me dit quelquechose mais sans plus… Au début son langage me bloque, pas tant le vocabulaire que l’ensemble, le phrasé, le ton, le débit, cela n’accroche pas vraiment. Et puis un des chroniqueurs intervient. Son aggressivité attire mon attention ! En gros je résume : "je ne suis pas choqué par le trash et la grossiereté mais le fond c’est n’importe quoi, connaissez-vous vraiment des hommes ?" Dans le genre macho paternaliste, poser cette question a une femme qui vient parler de son expérience du viol et de la prostitution, chapeau ! Du coup j’écoute plus attentivement et peu à peu je suis séduite par un autre regard, une autre façon de considérer les choses, un autre point de vue… Deux jours après, en passant devant le livre, je craque et je l’avale dans la foulée : 156 pages ça passe tout seul !
A travers le récit et la mise en perspective de ses propres expériences, punkette violée à 17 ans, prostituée interimaire, auteure à scandale, mais aussi par des références à des oeuvres féministes plutôt méconnues en France (en tout cas de moi), Virginie Despentes décode un certain regard porté sur les femmes (et donc sur les hommes), celui de ce qu’elle appelle "le collectif", du consensus "qui va sans dire", des non-dit, des choses que tout le monde sait et dont personne ne parle ! Elle dérange, elle agace, elle laisse perplexe, elle fait râler, elle vous cloue sur place parfois dans une fulgurance qui frappe juste à l’endroit où ça fait mal… Dans l’ensemble une lecture plutôt jubilatoire qui m’a bien plû : je préfère à tous les coups être dérangée que consternée.
Elle dit s’adresser à tous les moches, les mal-baisées, les femmes qui ne veulent pas être protégées, les hommes qui ne veulent pas être protecteurs, bref les cas "non conformes" aux modèles des deux sexes… En ce qui me concerne, je le recommande en particulier aux femmes qui tentent chaque jour (sans succès possible) de correspondre à l’idéal de la femme parfaite du XXIe siècle : bonne mère, salariée compétente, femme d’intérieur (chargée de l’entretien !), toujours glamour et pomponnée, d’humeur invariablement bonne ah et j’oubliais qui fait de la gym pour s’entretenir… et de conclure comme le livre : "Sur ce, salut les filles et meilleure route…"
Genre : pamphlet féministe et politique !
King kong Théorie – Virginie Despentes – Grasset – 2006
J’avais lu un article sur ce livre dans un magazine et me le suis noté suite à cela, car comme toi j’ai été séduite par son phrasé, mais j’aurais entendu le ton et le débit qu’elle y mettais, j’aurais craqué beaucoup plus vite, c’est sûr…
je n’aime pas Despentes mais ta critique donne envie de lire. Donc je note!
Honnêtement je ne la connaissais pas du tout avant cette fameuse émission, je ne me rappelle que très vaguement de l’interdiction de son film et encore parce que j’ai cherché depuis…;-)
Comme tu l’as lu chez nous, Mr K vient de le terminé.
Je m’y mettrai très certainement à mon tour un jour…
oui j’ai vu ça et j’ai trouvé son billet très pertinent 🙂 une lecture qui fait réfléchir…
Je m’y retrouves totalement! Chouette critique!
ça fait du bien de temps à autres 😉