Alors que son mari agonise, Elizabeth d’Aulnière, épouse Rolland, respectable mère de 11 enfants, digne fille d’une bourgeoisie des plus aisées, revit les heures les plus orageuses de son passé, celles qui l’ont conduite à épouser le doux, le gentil Jérôme maintenant à l’article de la mort, et peu à peu les souvenirs se transforment en cauchemar…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la lecture de Kamouraska que j’avais intérieurement catalogué comme roman d’une grande passion, a été une vraie surprise. Alors certes, il y a de cela mais c’est loin d’être l’essentiel, et s’il y a bien de la passion dans ces pages, une passion fébrile et cruelle, on ne sait si c’est d’amour qu’il s’agit ou s’il s’agit seulement de cela. Mais ce qui frappe par dessus tout dans ce roman, c’est l’écriture, dense, serrée, fiévreuse, étouffante, qui asphyxie lentement le lecteur à mesure qu’il sombre avec Elizabeth dans ce qui est peut-être un cauchemar, peut-être une hallucination, peut-être la folie.
En lisant l’histoire de cette grande bourgeoise capricieuse et fantasque, pas vraiment sympathique mais marquée par le destin, j’ai souvent pensée à Madame Bovary et j’imagine que ce n’est pas une coïncidence si ce roman est lui aussi tiré d’un fait divers qui scandalisa le Québec au début du XIXe siècle. Oh certes le destin d’Elizabeth n’est pas celui d’Emma mais toutes deux partagent cette sorte de rage désespérée qui les fait se débattre comme des oiseaux affolés, piégés, étranglés par le carcan d’une condition imposée et d’une éducation superficielle et – mais sans doute est-ce inévitable – avec aussi peu de discernement. Un grand roman, magnifiquement écrit et somptueusement noir. Halluciné !
Kamouraska – Anne Hébert – 1970
C’est celui que j’ai lu , je suis moins emballée que toi , une belle écriture mais je ne me suis sentie en empathie avec ces amoureux ….
J’ai été scotchée par l’écriture et la construction virtuose – difficile d’avancer tellement elle ligote le lecteur – on a besoin d’une bouffée d’air parfois, et certes ils ne sont guère sympathiques tous ces personnages mais je crois que c’est voulu 🙂
Pas lu mais je garde un bon souvenir du film, un classique du cinéma québécois!
Ah j’ai bien envie de le voir, je vais essayer de le trouver 🙂
Flaubert, pas moins !? Intéressant.
Difficile de comparer un auteur à Flaubert c’est certain mais disons qu’il y a une convergence de thèmes 🙂 la parti pris de construction, très éclaté comme un rêve ou un délire hallucinatoire est très différent en revanche 🙂
Une auteure que l’on voit un peu partout durant ce mois québécois !
C’était une LC et puis Anne Hébert est déjà “un classique” de la littérature québécoise 🙂
Ton billet est très intrigant, je suis curieuse, je note ce titre !!
Kamouraska est un roman important au Québec, un classique 🙂
Je l’avais étudié à la fac, et relu il y a deux ans pour ce challenge ! Un grand roman…
Ah je suis d’accord, difficile et dérangeant par certains aspects mais un grand roman 🙂
Tentant ! Madame Bovary reste l’une de mes grandes références littéraires.
J’espère que je ne me fourvoie pas en voyant Madame Bovary en inspiration plus ou moins consciente de ce roman alors 🙂
Une écriture fiévreuse, proche de Mme Bovary…. je me précipite !
j’espère qu’il te plaira Gambadou 🙂
Somptueusement noir ? Voilà qui me donne envie de le découvrir.
C’est la formule qui me semblait le mieux convenir à mon expérience de lecture:-)
A force de lire les billets de ce mois québécois sur les romans d’Anne Hébert, je me dis qu’il faut vraiment que je découvre cette auteure !
ahah c’est un peu l’idée du mois québécois et des lc, tant mieux si ça marche et que ça te fait envie 😀
Un grand roman ! Je suis bien d’accord avec toi 🙂
Oui un classique de temps en temps, c’est tout bon 🙂
Je n’ai jamais lu Anne Hebert, il faudra que je corrige ça bientôt. J’en ai tant entendu parler et toujours de manière positive en plus !
une belle expérience à tenter 🙂
J’adoooore Anne Hébert!
Ravie que ça t’ait plu.
Ah ben moi aussi 🙂 y’a plus qu’à tout lire d’elle 🙂