Ada

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Franck Logan, flic à l’ancienne plutôt trop honnête pour faire carrière, est un spécialiste des disparitions. Sa nouvelle affaire sort cependant quelque peu du cadre, lorsque la personne qu’il est chargé de retrouver, Ada, se révèle être une intelligence artificielle, dernière création de Turing corp, l’entreprise qui monte dans la Silicon Valley ! Plutôt technophobe, Logan est profondément heurté par la priorité donnée à cette affaire alors que de multiples disparitions de personnes bien vivantes (du moins l’espère-t-il) l’attendent. Et ses préventions s’accentuent encore lorsqu’il apprend que la dite Ada a été programmée pour écrire des romans, certes à l’eau de rose ce qui n’est guère son genre de prédilection, mais tout de même, des romans. Un objectif profondément perturbant pour un homme qui croit encore que certaines choses sont le propre de l’Homme et il n’est évidemment pas au bout de ses surprises…

C’est un plaisir de retrouver Antoine Bello qui est toujours un auteur des plus surprenants. Cette fois il nous entraine, sous couvert d’une enquête policière plus ou moins vraisemblable, dans les arcanes du processus de création, dans l’éternelle énigme du rapport entre créateur et créature et dans l’immédiat futur du dialogue homme machine… si toutefois on peut encore parler de machine lorsque l’on parle d’intelligence artificielle. Et le grand concepteur sait (comme dirait C3PO) qu’il semble s’y amuser autant qu’il amuse le lecteur – ou en l’occurrence la lectrice, jouant avec les codes tant du polar que de la romance, pervertissant les lois de la robotique d’Asimov d’une façon tristement vraisemblable, s’amusant des calibrages d’une certaine littérature, s’essayant à définir ce sentiment d’amour, au cœur des rêves humains mais si difficile à imaginer sous forme algorithmique. J’ai souvent pensé à la Samantha du Her de Spike Jonze* mais aussi – dans un registre plus burlesque – à la Gloria protéiforme, assistante bénévole du délicieux mais transparent détective Tem** du regretté Roland Wagner. Comme quoi l’histoire des relations entre humains et lignes de codes ne cesse de s’allonger et de s’enrichir. C’est frais, c’est enjoué et même carrément drôle, c’est astucieux et retors comme il se doit avec l’auteur, peut-être pourrais-je mettre un demi-bémol sur le traitement un tantinet léger par rapport à l’ambition et aux possibilités du sujet mais tel quel Ada allie réflexions et plaisir de lecture de fort plaisante manière. Réjouissant !

Ada – Antoine Bello – Gallimard – 2016

L’avis de Papillon, fan absolue, de Delphine-Olympe tout aussi enthousiaste, celui un poil plus réservé d’Eva

Du même auteur dans les épisodes précédents :
La trilogie des Falsificateurs
Enquête sur la disparition d’Émilie Brunet

* Her – 2013 – Comédie dramatique de Spike Jonze – USA – avec Joachim Phoenix et Scarlett Johansson
** Les Futurs Mystères de Paris – Roland C. Wagner – 1996-2007 – Fleuve noir puis l’Atalante

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18 réponses à Ada

  1. C’est justement ce ton très léger que j’ai aimé. S’interroger sur les processus de création sans se prendre trop au sérieux, parfois ça fait du bien 😉

  2. noukette dit :

    Je m’en réjouis d’avance, il m’attend ! 😉

  3. Ohlala je suis dessus alors je te lis sans te lire (la tentationn est forte mais…). Pour l’instant, je me régale.:-)

  4. Sandrine dit :

    Je l’aime déjà ce livre, sans l’avoir encore lu !

  5. keisha dit :

    Je voulais le lire, je l’ai lu, très vite d’ailleurs! Mon billet arrivera un jour…
    Le tien est TB!

  6. Papillon dit :

    Je savais que tu aimerais ! (mais qui est donc C3PO ?)

  7. Jerome dit :

    Toujours pas tenté malgré toujours plus d’avis enthousiastes 😉

  8. Le Papou dit :

    J’avais été déçu par mon premier Bello, “Enquête sur la disparition d’Émilie Brunet”. Après ton billet, je vais, peut-être, me laisser tenter.
    Le Papou

    • yueyin dit :

      Ah Monsieur Papou, Bello n’est jamais là où on l’attend c’est ce qui est perturbant 🙂 mais je te conseille de commencer par les falsificateurs, celui-là te plaira à coup sûr je pense 🙂

  9. Une lecture que j’avais beaucoup aimée. L’auteur sait être retors tu as raison.

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