Depuis toujours, Louise – fille des villes grises et encombrées, est fascinée par le nord, par la lumière trop blanche, les nuits trop noires, l’immensité ou rien n’arrête le regard, les gens aussi, joyeux, chaleureux, différents… Et toute sa vie elle restera sous le charme, essayant de s’intégrer, de comprendre, de se rapprocher de ses élèves, de leurs parents, de ses collègues inuits qui mènent une vie si différente de tout ce qu’elle connait ailleurs, plus simple peut-être, plus dure certainement, cruelle souvent mais étrangement attirante à ses yeux. Adolescente en vacances, Jeune adulte enseignante installée à demeure, plus tard aussi, le regard de Louise aime le nord et ses habitants.
Histoires nordiques peut se voir comme un recueil de nouvelles mais je le vois plutôt comme des chroniques ou un journal du nord ; tranches de vie du Nunavik vu par une blanche qui malgré toute sa bonne volonté et sa profonde affection pour les lieux et les gens faillira à vraiment s’intégrer, à se sentir totalement chez elle, faillira surtout à rester, à assumer la violence grandissante, la condition des femmes, le désespoir des jeunes. La narration articule ses treize chapitres autour d’un court texte central – petit poème en prose – la Folie, celle qui guette le visiteur égaré au nord, les six premiers débordant de curiosité et d’espoir, les six suivants minés par la rudesse du lieu, qu’elle soit climatique ou sociale, jusqu’au départ. Inévitable. Le regard de Louise est sans jugement mais sans aveuglement non plus, sensible à la beauté, la poésie et l’entraide comme à la violence, l’alcool ou l’horizon bouché. J’aime ce regard, cette tendresse lucide qui nous invite ailleurs pour partager, célébrer, faire aimer peut-être, témoigner toujours. Vivifiant !
Histoires nordiques – Lucie Lachapelle – 2013 – XYZ
Une Lecture commune avec Hélène. L’avis de Karine
de la même auteure le merveilleux Rivière Mékistan
La Folie
Parfois les nuits sont noires, sans lune, sans étoiles, sans ciel. Un plafond de nuages sombres. Ce sont des nuits d’angoisse.
Parfois le jour se lève ainsi. Il sort de la nuit lourde, s’installe sans soleil. A peine une lueur. Une clarté. L’air ne circule pas. Les sons demeurent au sol.
Le ciel, la terre, la mer, tous trois confondus. L’enfant s’égare, le chasseur tombe dans une crevasse, le blanc devient fou.
J’ai aimé ce beau témoignage ! merci pour le partage
Ce fut avec une grand plaisir Hélène 🙂
Très beau, semble-t-il.
Oui j’aime beaucoup vraiment 🙂
J’ai encore plus aimé que Rivière Mékiskan !
Ah je ne sais pas, Rivière Mékistan prend plus au tripes, c’est une histoire de famille, les personnages nous deviennent plus familiers mais Histoires nordiques est peut être plus abouti du point de vue du style et de la construction 🙂 Bref j’aime les deux 🙂
Pas encore lu de livre de cette auteure mais ça devrait venir !
Les deux que j’ai lus sont excellents en tout cas 🙂
très tentant aussi!
J’aime beaucoup cette auteure 🙂
Je note 🙂
C’est un très beau bouquin vraiment et Rivière Mekistan de la même auteure aussi 🙂