Pendant quinze ans, Pierre a été l’ombre, le disciple, l’assistant de tous les instants de son oncle Charles, célèbre historien d’art, grand amoureux de la peinture et si totalement habité par sa passion que rien d’autres ne semblait jamais avoir pu attiré un semblant de son attention. Quelques années après sa mort pourtant, il découvre dans ses papiers un petit carnet vert qui trace un autre portrait de cet homme admiré, plus humain, plus déchiré, plus souffrant aussi. Pour Pierre, cette découverte n’est que le début du chemin…
Quel bel hymne à la peinture que ce petit roman si joliment troussé, si délicieusement écrit où le moelleux d’une voix se compare au jaune généreux d’un Tintoret, où le rose d’une joue ou la blondeur d’une chevelure s’évoque à travers le fondu d’un bleu Chardin. Philippe Beaussant dont j’avais admiré l’élégante érudition dans Le Roi Soleil se lève aussi, compose ici un jeu de miroir pictural et amoureux où chaque mot, chaque nuance, chaque objet, pourrait-on dire, semble choisi avec un soin tout particulier pour notre plaisir. Lumineux !
Le Rendez-Vous de Venise – Philippe Beaussant – Fayard – 2003
PS : Un livre qui donne envie d’admirer – différemment peut-être – absolument toutes les peintures citées.
La jeune maitresse d’école – Jean Siméon Chardin – 1736 (National Gallery)


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