Le vie rêvée d’Ernesto G.

nullEn fait plutôt que d’Ernesto c’est de Joseph que nous suivons le parcours – Joseph Kaplan, médecin juif amateur de tango, né à Prague au tout début du XXe siècle et qui le parcourra d’un bout à l’autre, ballotté par les multiples aléas de ce siècle de feu et de sang. De la Prague impériale à la Prague post communiste en passant par le Paris des années trente, l’Alger de la guerre et les lendemains qui chantent et déchantent de la Tchécoslovaquie communiste, nous suivons le parcours de cet homme insensible en apparence mais pétri de conviction et à qui les années donneront humanité et tolérance…

Attention : coup de coeur ! Certes je suis une lectrice enthousiaste mais parfois, parfois, un roman fait vraiment mouche.

Depuis Le Club des incorrigibles optimistes, j’aime la plume et le monde de Jean-Michel Guernassia (oui cela ne fait que deux romans mais je vous l’assure, c’est tout un monde). J’ai retrouvé avec délice son formidable talent de conteur, sa verve sociale, ses atmosphères historiques exceptionnelles et son talent pour brosser d’inoubliables personnages. Sans parler de sa fascination pour certains mondes disparus mais qui ne le sont pas depuis si longtemps que j’en ai perdu le souvenir. Car si pour certains aujourd’hui le Mur et son rideau de fer apparaissent comme de vagues faits lointainement historiques, pour moi ils sont aussi tangibles que mes souvenirs. Et puis il y a bien sûr les références, c’est bien agréable de lire un homme qui aime les livres et sème ses allusions, parfois ténues, comme on le ferait entre complices de toujours, Don Quichotte, Faulkner, Kafka, Neruda pour ne citer qu’eux se promènent dans ces pages mais délicatement, sans insister, sur fond de tango…

En plus de ses qualités romanesques – cerise sur le gâteau – ce petit bijou décrit lumineusement les luttes sociales du dernier siècle mais aussi la distance entre idées et réalité, entre convictions et corruption, entre ce qui importe vraiment et ce qui finalement n’est qu’accessoire… A mettre entre toutes les mains pour que rien ne soit jamais oublié. 

Ah, il y sera bien question d’Ernesto mais ayant moi même totalement oublié le titre tant j’étais plongée dans les aventures de Joseph K., je ne l’attendais pas et fus d’autant plus heureuse de le rencontrer au détour d’une page ; je vous laisse donc la surprise.

La vie rêvée d’Ernesto G. – Jean-Michel Guernassia – Albin Michel – 2012

PS : Pour les lecteurs du Club des incorrigibles optimistes, il y a un bien lien entre les deux romans, tout ténu et pas du tout essentiel mais amusant.

PPS : Pour vous avouer toute la vérité, et bien qu’il soit ici un personnage un tantinet secondaire, j’ai toujours eu un faible pour Ernesto, question de génération sans doute…

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16 réponses à Le vie rêvée d’Ernesto G.

  1. Je le lirai sassésur sasséssur. Et je crois savoir qui est Ernesto mais on verra bien.

     

    Le Papou

  2. Lou dit :

     

    Enfin une nouvelle chronique pour le redressement productif !

    Ma banquière commençait à se faire du souci : plus de découvert, plus d’agios.

    Je sais bien que les soirées d’hiver… et l’hiver n’est pas fini.

    Je vais le commander. J’ai reçu le lit, j’ai lu le premier chapitre, je lirai à petites lampées, au lit, je rentabilise, et je chroniquerai – il faut juste que je trouve un fil.

    Pour le club, je ne sais pas, je vais voir, je suis réservé du fait que le roman a obtenu le Goncourt des lycéens, je connais les lycéens.

     

  3. J’avais bien aimé son précédent également. Je note ce titre.

  4. Lou dit :

     

    J’ai lu le chapitre 2 de Sur un lit de fleurs blanches. On en est à un licenciement économique. Les temps n’ont pas changé.

     

  5. Lou dit :

     

    Toi, quand tu recommandes un livre, on est paré pour l’hiver.

    Je viens de recevoir Le Club, 756 pages. J’attends Ernesto G.

    Tu me diras que Patricia Parry… Je viens de recevoir L’Ombre de Montfort, 263 pages, et puis c’est Patricia Parry ! Je suis en train de lire Sur un lit de fleurs blanches et ça ne se passe pas du tout comme je l’envisageais. La rédaction est redoutable : comme dans les feuilletons d’antan, chaque chapitre se termine en suspens, impossible de décrocher.

    Comme je ne prends pas de notes (pas le temps, qui est le coupable ?), je devrai relire. Pour le moment, j’ai juste quelques mots et je ne suis pas sûr que ce soit un fil. Redoutable, je vous le dis !

     

  6. anjelica dit :

    Entre toi et Choupynette, vous me donnez envie surtout que j’aime les romans historiques 🙂 

  7. Cess dit :

    Je suis convaincue ! en 2013 🙂

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